Les quelque 250 000 télégrammes diplomatiques publiés par WikiLeaks ce dimanche sont riches en descriptions, souvent peu flatteuses, des chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier.
Nicolas Sarkozy y apparaît comme un « Empereur nu », « susceptible » et « autoritaire ».
Angela Merkel, la Chancelière allemande est appelée « Angela Teflon Merkel » pour sa habileté à laisser les critiques glisser sur elle, sans attacher. « Elle évite les risques, n’est pas très créative ». Mais son ministre des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, est plutôt pire encore : « incompétent » et « arrogant ».
Silvio Berlusconi, le Premier ministre italien, est quant à lui un « incapable, vaniteux et inefficace », rapporte la chargée d’affaires américaine à Rome, Elizabeth Dibble. « Son penchant pour la fête fait qu’il manque de repos ».
En Russie, Vladimir Poutine est le « chef de la meute ».
Dmitri Medvedev est «pâle et hésitant ». Sa femme en revanche, la plantureuse Svetlana Medvedeva, joue un rôle éminent : « elle génère des tensions entre les camps et reste le sujet d’ardents commérages ». Elle aurait déjà dressé une liste de responsables déloyaux à son mari et dont les carrières devraient en "pâtir". Ramzan Kadyrov, l’homme de main de Moscou en Tchétchénie, continue quant à lui de jeter littéralement l’argent à la ronde. Un récit très coloré de l’ambassade des Etats-Unis à Moscou décrit comment, lors d’un mariage au Dagestan, Kadyrov a lancé des billets de 100 dollars à des enfants qui exécutaient une danse. Son cadeau aux jeunes mariés ? Un bloc de 5 kilos d’or. En Azerbaïdjan, c’est à la femme du président Ilham Aliev que les diplomates américains s’en prennent : elle a subi tellement d’opérations de chirurgie esthétique qu’on peut de loin la confondre avec sa fille, mais elle ne peut pratiquement plus bouger les traits de son visage, se moquent-ils.
Barack Obama n'est pas totalement épargné. Le State Department constate que le président américain "regarde vers l'Est plutôt que l'Ouest". Il "n'a pas de sentiments pour l'Europe" confirme une note, ce que les lecteurs de ce blog avaient certainement déjà compris.
De façon aussi attendue, d’autres télégrammes comparent le président iranien Mahmoud Ahmadinejad à « Hitler » (l'analogie est du prince émirati Mohammed bin Zayed) ou rapportent que le président afghan Hamid Karzaï est « paranoïque »: Karzaï est « un homme extrêmement faible qui ne fait pas attention aux faits mais se laisse en revanche facilement influencer par quiconque vient lui raconter les histoires les plus bizarres ou lui parler de complots contre lui ».
Le portrait le plus savoureux reste pourtant peut-être celui du colonel Kadhafi, rédigé par l’ambassadeur américain à Tripoli, Gene Cretz. Le chef de l’Etat libyen ne se déplace jamais sans son infirmière ukrainienne, Galyna Kolotnytska, décrite comme une « blonde voluptueuse » ont observé les diplomates américains. « Certains contacts de l’ambassade affirment que Kadhafi et Kolotnyska, âgée de 38 ans, ont une relation sentimentale ».
« Même s’il est tentant de considérer ses nombreuses excentricités comme des signes d’instabilité, Kadhafi est un individu complexe qui a réussi à rester 40 ans au pouvoir » souligne l’ambassadeur à Tripoli. Le fait qu’il soit un peu dingue ne doit en rien dissuader les Etats-Unis d'entretenir sa relation avec lui, puisqu’il est « le dictateur au pouvoir depuis le plus longtemps dans le monde entier ». Cette conclusion pourrait valoir pour toute la galerie de zarbis décrits plus haut : tout « incapables » ou tordus soient-ils, la plupart n’en sont pas moins les alliés ou amis de l’Amérique.
29-11-2010 washington.blogs.liberation.fr