Autisme, la piste prometteuse de l'ocytocine
Damien Mascret s’interroge dans Le Figaro : « Un traitement hormonal pourra-t-il un jour permettre d'améliorer les capacités d'interactions sociales des autistes ? C'est l'espoir soulevé par les travaux du Dr Angela Sirigu, la lauréate 2012 du Prix Marcel Dassault pour la recherche sur les maladies mentales ». Le journaliste indique que « le travail qui lui vaut d'être élue «chercheur de l'année» par un jury international a été publié en 2010 dans les Actes de l'Académie des sciences américaine (PNAS). Avec le Dr Elissar Alessandri et ses collègues du CNRS et de l'Inserm, Angela Sirigu a ouvert une nouvelle piste de recherche qui pourrait ajouter une arme au traitement de l'autisme ». Damien Mascret observe que « cette arme a un avantage : elle existe déjà. Elle est même commercialisée, puisqu'il s'agit de l'ocytocine. […] En revanche, elle n'existe en France qu'en perfusion intraveineuse et les chercheurs ont dû s'approvisionner à l'étranger pour réaliser leur étude avec une forme de spray intranasal ».
Le journaliste explique ainsi que « l'équipe du Dr Sirigu a observé les performances de 13 adultes autistes atteints du syndrome d'Asperger […] dans des relations sociales expérimentales après la prise d'ocytocine ». Le Dr Sirigu précise : « Mon hypothèse est que ces patients disposent de compétences sociales latentes qui ne s'expriment pas car la peur et le stress généré par l'interaction sociale font obstacle. L'ocytocine pourrait faire tomber ces barrières et renforcer le sens du contact social ».
Damien Mascret constate que « c'est ce qui s'est produit lors des expériences menées. La première se fondait sur une observation déjà ancienne : dans le syndrome d'Asperger, les autistes ont tendance à fuir le regard de leur interlocuteur. […] Grâce à un capteur fixé à un ordinateur sur lequel on fait défiler des images de visage, on peut suivre le regard du patient ». Le Dr Sirigu note que « le plus étonnant, c'est que l'ocytocine a été capable de réorienter le regard vers la région des yeux », tout en ajoutant : « Regarder les autres ne signifie pas que l'on sait comment se comporter avec eux ou quelles sont leurs intentions ». « Chose faite avec un petit jeu de ballon avec trois partenaires ayant des rôles secrets différents (bon, neutre, méchant). Sans ocytocine, les patients ne parviennent pas à identifier celui qui est leur ami. Par contre, grâce à l'ocytocine, la chose devient possible », indique Damien Mascret.
Le journaliste souligne néanmoins : « Est-ce le traitement miracle ? Il est bien trop tôt pour le dire. D'abord parce qu'il ne s'agit que de 13 patients, ensuite parce que les signes de la maladie sont très hétérogènes et qu'il est toujours hasardeux d'extrapoler à tous des résultats obtenus avec un profil de patient particulier. Mais le plus gros obstacle vient de la nature même de l'hormone. En effet, l'ocytocine n'agit qu'une heure et demie et pas au-delà ». Damien Mascret conclut que « l'Institut de recherche pour l'autisme qui vient de s'ouvrir à Lyon avec à sa tête le Dr Sirigu va désormais s'attacher à explorer l'action de l'ocytocine sur le cerveau, mais aussi traquer les modifications neuronales dans le temps ».