Moins de deux mois plus tard, cette sortie présidentielle prend toute sa dimension. Elle annonce le nouveau séisme qui se prépare à secouer le RCS. Sportivement d’abord. Le sort de Pascal Janin, l’entraîneur sous contrat jusqu’en 2011 et conforté pour 2010-2011 par le président Plessis le 1 er avril, est scellé. Le coach, sondé cet hiver par Metz lorsqu’Yvon Pouliquen rencontrait ses premières difficultés en Lorraine, sera limogé. Pour lui succéder, deux noms circulent avec insistance : Rolland Courbis et Laurent Fournier.
« Coach » Courbis, éminence grise des propriétaires Alain Fontenla et Jafar Hilali depuis que le premier lui a proposé un rôle de consultant sur RMC le 9 mars, intervient en coulisses depuis. Après la défaite à Istres le 9 avril, il a failli reprendre l’équipe. En début de semaine encore, il a été tout près de rallier Strasbourg. Seul le port d’un bracelet électronique après sa sortie de prison l’en a empêché.
Laurent Fournier, lui, vient d’annoncer qu’il quittait Créteil, alors que son club, 4 e de National, a échoué de justesse dans la course à l’accession en L 2. Comme Courbis, l’ex-entraîneur du PSG et Bastia est libre. Mais qui a vraiment envie de monter dans cette galère ?
Un plan social à 1,5 million ?
Dès lundi, Plessis, qui a confirmé qu’il resterait malgré la relégation (« L’Alsace » du 7 mai), Hilali et Fontenla vont devoir élaborer « un plan B » — autrement dit un budget pour le National – qu’ils n’avaient pas préparé. Comme annoncé dans notre édition de jeudi, le club devra déjà vendre entre 2 et 2,5 millions de joueurs avant le 30 juin pour équilibrer l’exercice 2009-2010. Le budget prévisionnel 2010-2011, version L 2, était bâti sur un déficit de près de 6 millions (5,8 exactement), avec 11,5 millions de recettes et 17,3 de charges. Le document qui devait être présenté à la DNCG (1) le 26 mai annonçait que ce trou de quelque 6 millions serait comblé « par trois millions de vente de joueurs et un abandon de créances de trois millions. » Certes. Mais quels joueurs, puisque ceux représentant une valeur marchande devront déjà être transférés avant le 30 juin 2010 ? Et quelles créances, puisque les 3 millions injectés par Hilali et Fontenla en janvier devront être abandonnés ces prochains temps pour favoriser l’équilibre en 2009-2010 ?
Avec la relégation, cette projection est évidemment caduque. Les rentrées financières de cette saison (12,9 millions) devraient être divisées par deux l’an prochain. Le budget aussi donc. Le club n’échappera pas à un plan social coûteux. Un observateur en possession d’éléments comptables a établi une première estimation. « Le licenciement économique de 30 salariés pourrait coûter 1,5 million. » Même la prime exceptionnelle – et non renouvelable — versée par la LFP pour la relégation en National (700 000 euros) ne suffira pas à le financer. « Les propriétaires font le nécessaire pour garder le club et couvrir les besoins », tente de convaincre Jean-Claude Plessis.
Seul motif d’espoir dans ce tableau très noir : la revente du Lorientais Kévin Gameiro, si elle se concrétisait, offrirait une bouffée d’oxygène à son club formateur (30 % de la plus-value au-delà de 3 millions). Une manne toutefois insuffisante pour faire passer la pilule d’une relégation cruelle, mais logique au terme d’une saison piteuse et pitoyable.
D’un de nos envoyés spéciaux Stéphane Godin (1) Direction nationale du contrôle de gestion de la Ligue de Football Professionnel.
Infoweb lalsace.fr 15/05/2010
Pour la première fois de son histoire, Strasbourg descend en National. (EQ)
Strasbourg, battu à Châteauroux (1-2), et Guingamp, malgré sa victoire contre Ajaccio (2-1), accompagnent Bastia en National. Une première dans l'histoire du Racing.
56 saisons dans l'élite hexagonale, 14 en deuxième division et bientôt une en troisième division. Strasbourg va devoir mettre à jour son CV . Depuis son accession au monde professionnel en 1933, le Racing ne l'avait jamais quitté. Ce n'est plus le cas. Candidat à la montée en début de saison, après l'avoir ratée de peu l'an passé, le club champion de France 1979 savait ce qui l'attendait en cas de défaite à Châteauroux. La descente en National. Battue par la Berrichonne (1-2), qui sauve sa tête en Ligue 2, la formation de Pascal Janin, incapable de gagner le moindre match à l'extérieur cette saison, fait le grand plongeon et c'est tout un club qui se retrouve en grand danger. «Nous n'avons pas qu'un club à sauver, mais presque une région», avait lâché le milieu Farez Brahmia, dans les colonnes de L'Alsace, avant de se rendre dans le Berri. C'est juste.
Strasbourg est désormais entre la vie et la mort.
Ironie du sort pour le Racing, c'est l'équipe castelroussine dirigée par Jean-Pierre Papin, viré par le club alscacien après l'accession en Ligue 1 il y a trois ans, qui l'envoie dans le coma. «L'équipe qui aura le moins peur se sauvera.» JPP avait vu juste. Sa formation n'a pas évolué avec la peur au ventre. C'est ce qui l'a sauvée. Habitué à jouer sa survie en Ligue 2 lors de l'ultime journée, Châteauroux doit surtout une fière chandelle à un jeune joueur de 21 ans, Amara Baby, auteur d'un doublé salvateur (25e et 38e) face aux Alsaciens. L'insouciance d'un gamin, l'expérience d'une équipe et le destin d'un entraîneur : voici le cocktail explosif qui a sauvé La Berri.
«L'année dernière, on a vu la Coupe de France qui passait au dessus de nos têtes. Cette saison, de nos côtes, on arrive à voir le navire guingampais qui coule.» Cette réaction lâchée par un fidèle de l'En Avant résume bien le dépit et la tristesse qui ont envahi Guingamp et ses supporters, au terme de l'ultime journée. Ce n'est pas ce vendredi que les hommes de Victor Zvunka ont sombré. Ils n'avaient plus leur destin en main et, malgré leur victoire contre Ajaccio (2-1), c'est le National qui les attend la saison prochaine. Une troisième division que le club de Noël Le Gräet n'avait plus fréquentée depuis 1994. Une autre époque.
news.fr.msn.com/sport 14/05/2010