A 50 jours du Mondial en Afrique du Sud, l'image de Ribéry - et de l'équipe de France - est écornée. Il pourrait en effet être poursuivit en justice "si le juge André Dando [le] décide". Auditionné par la BRP, le milieu de terrain du Bayern a reconnu avoir eu des relations sexuelles avec une prostituée mais prétend ignorer qu'elle était mineure.
Le fait de solliciter des relations sexuelles avec une mineure prostituée est passible de 3 ans de prison et de 45.000 euros d'amende. Mais il revient à l'accusation de prouver que le client savait que la prostituée était mineure.
Hatem Ben Arfa, de son côté, s'est défendu de façon très claire. Le joueur de Marseille a nié tout lien avec l'affaire de proxénétisme, selon des propos diffusés lundi dans "France Foot l'émission", sur l'Equipe TV. La presse avait évoqué un joueur évoluant "dans le sud de la France". "Ce n'est pas moi, a assuré Hatem Ben Arfa. (Si ça l'avait été), on aurait pu en faire un livre... On ne sait pas ce qu'il s'est vraiment passé. Des joueurs comme Ronaldo, Beckham ont eu (leurs noms associés) à des histoires (similaires) mais on ne sait pas ce qui s'est réellement passé".
Un établissement fréquenté par des prostituées
Ouverte après plusieurs mois d'écoute, l'enquête porte sur une boîte de nuit parisienne fréquentée par certains internationaux français. Plusieurs interpellations ont déjà été réalisées, dont celle de Franck Ribéry. "L'enquête a d'ores et déjà permis d'établir que cet établissement de nuit proche des Champs-Elysées, le Zaman, était fréquenté par des prostituées", selon le parquet. Si les faits étaient avérés, Franck Ribéry pourrait être passible de trois ans de prison et de 45.000 euros d'amende. Selon Maître Bottai, 'avocate de Ribéry, aucune charge n'aurait été retenue contre lui à la suite de l'audition. Toujours selon elle, Franck Ribéry a été entendu pour s'expliquer sur ses relations avec une de ses connaissances, proche d'un animateur d'un réseau d'escort girls. "C'est uniquement en raison de cette relation" qu'il a été convoqué par les services de police, a-t-elle expliqué sur RMC.A quarante-huit de la demi-finale de Ligue des Champions entre le Bayern Munich et Lyon, cette affaire pourrait tout de même perturber l'international français.
Sidney Govou a lui aussi été entendu comme témoin par la brigade de répression du proxénétisme (BRP). Selon lepoint.fr, le Lyonnais aurait reconnu fréquenter la même jeune femme, majeure cependant au moment des faits. "Mon client tient à affirmer qu'il n'est lié ni de près ni de loin à quelconque réseau de proxénétisme, a affirmé maître Thierry Braillard, l'avocat de l'aillier de l'Olympique lyonnais. Sidney Govou n'a notamment jamais mis les pieds au fameux Café Zaman à Paris. Pour le reste, l'ampleur que prend cette affaire le blesse profondément parce qu'elle affecte ses proches et altère son honneur." La BRP compte par ailleurs entendre cette semaine deux autres internationaux de l'équipe de France, dont les noms n'ont pas été révélés. L'un d'entre eux aurait fréquenté la même jeune femme lorsqu'elle était encore mineure.
Du côté de l'équipe de France, si personne ne souhaite faire de commentaire, l'affaire n'en reste pas moins embarrassante. D'autant que les médias étrangers en font déjà leurs choux gras. En Espagne, le quotidien sportif Marca évoque "un grand scandale au sein du football français et de la sélection nationale" si "les informations scandaleuses se confirment". En Angleterre, le Times consacre un article à cette affaire, relevant que "Raymond Domenech, déjà en difficulté, avait autant besoin de cela que d'une balle dans la tête". Le sélectionneur de l'équipe de France avait en effet déjà fort à faire entre les blessures de certains de ses joueurs (comme celle de William Gallas) ou le temps de jeu réduit d'autres joueurs (Thierry Henry, 35 minutes de jeu ce week-end au Barça, Karim Benzema, cinq minutes plus le temps additionnel au Real Madrid...). Cette affaire, après celle - dans un genre différent - de la main de Thierry Henry, est donc un nouveau caillou dans la chaussure du coach tricolore qui doit annoncer sa liste des 23 pour le Mondial le 11 mai prochain.
4 personnes déja mises en examen
Quatre personnes ont été mises en examen et incarcérées pour des faits de proxénétisme aggravé dans l'enquête au cours de laquelle Franck Ribéry et Sidney Govou ont été entendus comme témoins, a-t-on appris lundi de sources concordantes. Le gérant du Zaman café, établissement proche des Champs Elysées, et trois autres personnes, dont un serveur de ce bar, ont été mis en examen et placés en détention provisoire vendredi, selon une source judiciaire. Le gérant et le serveur doivent comparaître mardi devant un juge des libertés et de la détention qui se prononcera sur leur maintien en détention, selon leur avocat Me Sébastien Bono. L'enquête avait été ouverte en décembre 2009.
Le Brigade de répression du proxénétisme (BRP) enquêtait sur un proxénète présumé qui "gravitait autour du Zaman Café". "Il s'agit d'une affaire classique de prostitution dans un lieu de nuit", a confié à l'AFP une source proche du dossier. Le 12 avril, 10 personnes ont été interpellées. Parmi elles figurent les quatre personnes mises en examen quelques jours plus tard. C'est en auditionnant les prostituées que les policiers sont remontés vers certains clients et se sont rendus compte que l'une d'elles était mineure au moment d'une partie des faits, a expliqué une source judiciaire.
Le Zaman Café, situé rue de Ponthieu (VIIIe), fait actuellement l'objet d'une procédure de fermeture administrative, selon une source policière. Le gérant et son frère, serveur au Zaman Café, "contestent fermement toute implication ou responsabilité dans un réseau de proxénétisme", a déclaré Me Bono à l'AFP, pour qui "ils ne peuvent être tenus pour responsables des relations entretenues par une partie de la clientèle en dehors de l'établissement". "Ils ne comprendraient pas que des considérations liées à la notoriété des mis en cause, traités plus favorablement, l'emportent sur le principe de responsabilité", a-t-il mis en garde.
19/04/2010 Par Isabelle Trancoen et Grégory Jouin (avec AFP) Info France 3