Les marins de l'armée brésilienne ont repêché la dérive de l'Airbus A330 AF 447

Les marins de l'armée brésilienne ont repêché la dérive de l'Airbus A330 AF 447

France 2
L'enquête judiciaire sur l'accident du vol Rio-Paris en juin 2009 faisant 228 morts pointe des problèmes de maintenance

C'est l'information que révèle samedi le journal Libération qui a pu consulter le rapport des experts remis aux juges chargés de l'enquête.

Le document confirmerait par ailleurs le rôle probable joué par les sondes Pitot dans le crash de l'airbus.

 

Le givrage des sondes mesurant la vitesse de l'avion est un "élément contributif" du crash, mais sans qu'il soit possible pour l'instant d'identifier "avec précision les faits qui ont conduit à l'accident" rapporte Libération.

 

Fait nouveau, les experts mettraient aussi en avant le "temps (heures de vol et/ou durée calendaire) écoulé depuis le dernier entretien des sondes", autrement dit la maintenance de ces pièces sans croire toutefois que les sondes et la météo soient les seules causes de l'accident, qui s'était produit en pleine nuit. "La recherche d'autres éléments probants est nécessaire", concluent-ils.

 

Interrogé sur Europe 1, Pierre-Henri Gourgeon, directeur général d'Air France, a dit ne pas avoir connaissance de ce rapport préliminaire mais a assuré que sa compagnie avait respecté toutes les procédures. "L'ensemble des procédures définies par les constructeurs et les autorités ont été parfaitement respectées quant au rythme d'inspection et de nettoyage par Air France", a-t-il dit;

Il a ajouté qu'il ne lui appartenait pas de dire s'il fallait changer ces règles, puisque "c'est le rôle des autorités et des constructeurs". Seule l'analyse des enregistrements contenus dans les boîtes noires de l'avion permettrait de savoir si une erreur de pilotage peut aussi être en cause mais celles-ci reposent toujours au fond de l'océan.

 

L'enquête du BEA

Le 2 juillet 2009, le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA) avait remis un premier rapport dans lequel il avait conclu que l'A330 ne s'était pas disloqué mais avait percuté la surface de l'eau presque à l'horizontale, avant de sombrer.

Dans son second rapport en décembre, le BEA mettait en cause les sondes de vitesse fabriquées par Thales. Il pointait que le dysfonctionnement des sondes du groupe français Thales était "l'un des facteurs" mais "ne pouvait pas être la seule cause" de l'accident.

 

Depuis le crash, les autorités aériennes américaines et européennes ont ordonné aux compagnies aériennes le remplacement sur leurs Airbus A330 et A340 des sondes Thales par des sondes produites par l'américain Goodrich.

Le BEA a prévu un nouveau point le 4 mai, après évaluation de la situation.

 

Mise en cause des experts
Pour Me Alain Jakubowicz, membre du collectif d'avocats représentant les familles, "ce nouveau rapport d'experts n'apporte pas grand chose de nouveau". "Ce n'est pas étonnant lorsqu'on connaît la 'consanguinité' de ces experts", a-t-il dit expliquant: "La seule autorité dont nous ne doutons absolument pas, et qui montre une véritable volonté de recherche de la vérité, ce sont les juges d'instruction". 

 

"Pour le reste, les juges ont fait appel a des experts dont l'indépendance pose problème. Un expert est un ancien pilote d'Air France, un autre est un salarié de la DGAC, si on va du côté du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), c'est encore pire, il n'est pas indépendant et ne relève pas de l'autorité judiciaire", a fait valoir l'avocat.

 

Poursuite  des recherches

Les deux premières campagnes de recherches, du 10 juin au 10 juillet puis entre le 27 juillet et le 17 août, qui ont coûté neuf millions d'euros ont seulement permis de repêcher des débris, dont l'empennage de l'avion, ainsi qu'une cinquantaine de corps.

Vendredi soir, le gouvernement français a demandé la poursuite de la dernière phase de recherches sur place, alors que les deux navires qui y participent rentreront au Brésil la semaine prochaine.

A propos de la reprise des recherches, et des messages tantôt optimistes, tantôt pessimistes sur la possibilité de retrouver les boîtes noires, l'avocat a confié: "les familles des victimes se posent des questions et se demandent s'il n'y a pas des intérêts supérieurs qui feraient qu'on n'est pas si fâché que cela de ne pas retrouver les boîtes noires".

24/04/2010 Info France 3