Ribéry chute devant Ramos
AFP-FifeA 100 jours du début de la Coupe du monde, l'équipe de France n'a pas rassuré ses supporters en s'inclinant face à une formation espagnole remarquablement organisée. Largement dominés en première période, les Bleus ont réagi par la suite mais trop mollement. Domenech et Henry n'ont pas été ménagés.
La leçon espagnole
Du pain sur la planche. C'est le constat qui s'impose après ce match entre une équipe de France en plein doute et une Roja qui évolue en toute confiance. Certes, le chemin qui mène à la Coupe du monde est encore loin mais on ne peut pas dire que l'équipe de France, passée par la toute petite porte pour se qualifier, se soit remise dans le bon sens. La formation de Del Bosque, qui exceptionnellement jouait en Bleu, enchaîne quant à elle une 34e victoire en 35 matchs, et la première sur le sol français depuis 42 ans.
Sans surprise, le nom du sélectionneur tricolore est sifflé avant le coup d'envoi. Sans surprise également, Domenech aligne une charnière inédite, Ciani-Escudé, en défense centrale et poste Franck Ribéry à droite de l'attaque. Dans un premier temps, le schéma des Bleus tient la Roja en respect. Mais il suffit d'une simple erreur individuelle, Henry perdant le ballon au milieu de terrain, pour que le bel édifice s'effondre comme un château de cartes. Le contre espagnol est foudroyant, Inesta lance en profondeur Villa qui s'en va tromper Lloris d'un plat du pied plein de maîtrise (0-1, 21e).
Dès lors, l'équipe de France, bâtie une nouvelle fois pour jouer le contre, ne sait plus comment procéder pour prendre le jeu à son compte. Du pain béni pour les champions d'Europe en titre qui s'amusent à la passe à dix. Mais, à la fin de la démonstration, il y a toujours cette accélération qui fait mal. Là, la banderille est plantée Sergio Ramos qui hérite d'un ballon sur son aile droite. Le défenseur crochète Escudé qui ne peut qu'effleurer le tir du Madrilène et la frappe détournée finit au fond des filets d'un Lloris pris à contre-pied (0-2, 45e).
La seconde période sera heureusement moins difficile pour les Bleus. Les Français se montrent plus disponibles, plus conquérants dans les duels, plus adroits dans les passes. Mais il leur manque toujours ce geste de classe aux abords de la surface, celui qui fait vraiment la différence. Les rentrées conjuguées de Govou, à la place d'un Henry copieusement sifflé à sa sortie, de Cissé ou de Malouda ne changera rien même si le coup de tête du dernier nommé, sur un centre du joueur de Panathinaïkos, touche le poteau de Casillas à la 80e minute. La réduction du score aurait peut-être changé le cours du match, qui sait ? Il n'en a rien été et l'équipe de France a quitté l'enceinte de Saint-Denis avec quelques sifflets pour la forme et beaucoup de doutes. Raymond Domenech avait prévenu : "le risque de jouer contre des bonnes équipes est de perdre". Le risque est désormais avéré.
Déclarations
Raymond Domenech (sélectionneur de l'équipe de France): "Aujourd'hui, l'Espagne a confirmé qu'elle était l'une des
grandes favorites pour la Coupe du monde. Nous, on a vu que, quand on ne gère pas bien le ballon, on n'est pas bien, que pour battre l'Espagne, il faut être dans un bon jour. Il faut que tout le monde soit au diapason et au-dessus de son niveau, on le sait. On perd sur deux erreurs, sur deux mauvais placements, pertes de ballon au milieu du terrain, leur point fort. On a mal négocié les actions offensives. Pour battre cette équipe-là, il faut être exceptionnel. On ne l'a pas été ce soir, il faut le dire. Par rapport à ce qu'on est capable de faire, on a été moyen, même si on a été un peu mieux au fur et à mesure que le match avançait. Ca ne suffit pas pour battre le champion d'Europe, une équipe comme l'Espagne. Maintenant, on a trois mois de préparation. La Coupe du monde est là..."
Vicente del Bosque (sélectionneur de l'Espagne): "On a fourni une bonne première mi-temps, c'est ce qui nous a rendu le match facile, mais nous n'avons pas eu beaucoup d'occasions, et si on veut être un peu sévères avec nous, on a manqué un peu de profondeur dans la première mi-temps. En deuxième mi-temps, il y a eu un peu d'imprécisions des deux côtés, mais tout était sous contrôle du début à la fin. Je maintiens ce que j'ai dit avant sur la France (une bonne équipe qui fera un bon Mondial, ndlr), je me souviens de l'Espagne, au bout de la qualification pour l'Euro-2008, l'ambiance n'était pas bonne et on a vu ensuite (l'Espagne est devenue champion d'Europe, ndlr)."
Djibril Cissé (attaquant de l'équipe de France): "Cela m'a fait du bien de revenir. J'aurais préféré revenir avec une victoire mais l'Espagne est une très bonne équipe, la meilleure d'Europe. Elle
sait faire tourner le ballon. On est déçu mais pas inquiet. On s'est battu, on n'a pas baissé les bras. L'objectif est la Coupe du monde et on a encore deux-trois mois pour se préparer. Moi, je l'ai annoncé, j'ai très envie d'être à la Coupe du monde et je ferai tout pour y être. Mais cela passe par mon club et des bonnes prestations en Coupe d'Europe parce que le championnat grec ne suffira pas. (A propos de l'accueil chaleureux du public) D'habitude, je me fait siffler. Cela fait plaisir et je tiens à remercier le public. Par contre, siffler Thierry (Henry) c'est moyen. Il est très costaud, il ne montre pas sa déception, mais c'est sûr que cela l'a touché. C'est dommage."