PORTO SANTO STEFANO, Italie (Reuters) -
Trois personnes au moins ont péri dans le naufrage d'un paquebot italien, le Costa Concordia, qui s'est échoué sur un banc de sable vendredi soir au large des côtes de la Toscane avec plus de 4.000 passagers et membres d'équipage à son bord, a annoncé la garde-côte italienne.
Appuyés par plusieurs navires et hélicoptères, les sauveteurs étaient samedi à la recherche d'autres victimes éventuelles car on est sans nouvelles d'une cinquantaine de personnes.
L'accident, qui s'est produit à l'heure du dîner, a fait des dizaines de blessés et a donné lieu à des scènes de panique. Certains passagers se sont jetés à l'eau.
Le navire de 114.500 tonnes s'est couché sur le flanc à quelques centaines de mètres du rivage, près de l'île de Giglio. La mer était calme au moment de l'accident et on ignore les causes exactes du naufrage.
"Nous avons une quarantaine d'hommes au travail et nous attendons l'arrivée de plusieurs équipes de plongeurs spécialisés qui vont fouiller tous les espaces intérieurs du paquebot", a dit un porte-parole des pompiers, Luca Cari. "Nous n'excluons pas qu'il y ait d'autres victimes."
Il est difficile d'établir un bilan exact car certains passagers qui se sont jetés à l'eau ont pu être recueillis par des habitants de la région et n'ont pas encore été identifiés, a expliqué Giuseppe Linardi, chef de la police de la ville de Grosseto.
Les 3.206 passagers, en majorité italiens, et les 1.023 membres d'équipage ont été évacués vers l'île de Giglio ou vers Porto Santo Stefano, sur la côte toscane, où ils ont été hébergés pendant la nuit dans des écoles, des maisons et des églises.
Le Costa Concordia, long de 290 mètres, s'est échoué vers 22h00 (21h00 GMT) vendredi soir.
"Nous étions à table pour le dîner quand on a entendu un grand bruit. Je pense que nous avons heurté un récif. C'était la panique, les tables retournées, les verres qui volaient de partout. Nous nous sommes précipités sur le pont et nous avons mis nos gilets de sauvetage", a raconté une passagère, Maria Parmegiano Alfonsi, sur la chaîne de télévision Sky Italia.
"La lumière s'est éteinte, tout le monde hurlait. On nous a dit de rester calmes, que ce n'était rien, juste un problème électrique", a dit un autre passager.
La compagnie Costa Crociere, basée à Gênes, a annoncé qu'elle coopérait pleinement avec les enquêteurs pour établir les causes du naufrage.
On ignore l'identité des victimes.
Avec Philip Pullella, James Mackenzie et Silvia Ognibene; Eric Faye, Benjamin Massot et Guy Kerivel pour le service français News Yahoo, Antonio Denti et Gavin Jones Reuters
Italie/croisière : un jeune couple sauvé de l’épave, le commandant arrêté
Le commandant du bateau, Francesco Schettino, ainsi que son second, Ciro Ambrosio, ont été arrêtés, accusés notamment d’homicides multiples et d’abandon du navire.
L’accident s’est produit vendredi soir quand le Costa Concordia, transportant 4.229 personnes, dont une majorité de touristes italiens, français et allemands, a heurté un rocher près de l’île du Giglio, selon les éléments recueillis.
Le commandant du navire «s’est approché de manière très maladroite de l’île du Giglio, a heurté un rocher qui s’est encastré dans son flanc gauche, faisant s’incliner (le navire) et embarquer énormément d’eau en l’espace de deux, trois minutes», a indiqué le procureur de Grosseto Francesco Verusio à la presse.
Le commandant Schettino s’était auparavant défendu en affirmant avoir «heurté un éperon rocheux» qui ne figurait pas sur les cartes nautiques, une hypothèse exclue par les garde-côtes.
Un couple de jeunes mariés sud-coréens en voyage de noce, tous deux âgés de 29 ans, a été sauvé dans la nuit de samedi à dimanche de l’épave, après avoir passé 24 heures coincé dans sa cabine.
Réagissant à Séoul, un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a indiqué qu’"un total de 35 Sud-coréens, dont deux membres d’équipage, ont été retrouvés jusque là», sans disposer encore d’autres détails.
Le préfet de Grossetto, Giuseppe Linardi, avait annoncé plus tôt «trois morts confirmés» et indiqué que 41 personnes manquaient encore à l’appel, en confrontant les listes de l’armateur, parlant de 4.231 ou 4.229 passagers et membres d’équipage, et celles des sauveteurs.
Le préfet avait toutefois cité l’exemple de quatre Américains considérés comme disparus puis retrouvés chez un habitant du Giglio qui les avait hébergés dans la nuit.
Mais Cosimo Nicastro, un porte-parole pour les garde-côtes, a estimé entre 50 et 60 le nombre de personnes manquantes.
Le bilan comprend aussi 42 blessés, dont deux dans un état grave, une femme souffrant d’un traumatisme crânien et un homme pour un traumatisme à la colonne vertébrale. Mais 26 autres ont déjà pu quitter l’hôpital.
Selon des sources sanitaires, la plupart ont eu des mains, bras ou jambes cassés et souffrent d’hypothermie après leur séjour dans l’eau glacée.
Ennio Aquilino, commandant des pompiers de Grossetto, a indiqué que ses hommes avaient «sorti 100 personnes de l’eau et sauvé environ 60 autres qui étaient piégées sur le bateau».
Toute la journée, sauveteurs et plongeurs, à la recherche de survivants, ont inspecté les parties émergées et immergées du navire, couché sur le flanc avec une brèche énorme longue de 70 à 100 mètres, incliné à 80 degrés, et à moitié sous l’eau.
Luca Cari, un porte-parole des pompiers, a dit sa crainte que le navire échoué sur les rochers ne glisse vers le large, où il pourrait couler par 100 mètres de fond.
Un responsable du ministère de l’Environnement a écarté tout risque de pollution, affirmant que «c’est un navire neuf, à double fond».
Les plus de 4.200 rescapés ont été transférés du Giglio vers le port de Santo Stefano puis ensuite rapatriés chez eux en Italie, à l’étranger ou répartis dans les hôtels de la région.
Le Costa Concordia, parti de Civitavecchia vers 18H00 GMT samedi, transportait 4.229 personnes dont plus de 3.000 touristes, en particulier 989 Italiens, 569 Allemands, 462 Français, 177 Espagnols, 129 Américains.
Selon un communiqué de Costa Crociere, le paquebot effectuait une croisière en Méditerranée au départ de Savone «avec des escales prévues à Civitavecchia, Palerme, Cagliari, Palma de Majorque, Barcelone et Marseille».
Le Concordia était considéré comme un véritable «temple du divertissement» avec ses 58 suites avec balcons, cinq restaurants, 13 bars, cinq jacuzzis et quatre piscines.
Au moment de l’accident, les passagers étaient en train de dîner ou pour certains déjà au lit.
«Nous avons entendu un grand bruit, les plats et couverts sont tombés par terre, les lumières se sont éteintes mais le personnel nous disait de ne pas nous inquiéter», a témoigné Roberto Bombardieri, un coiffeur qui devait participer à un concours à bord.
Le commandant s’est d’abord voulu rassurant, annonçant une panne électrique. «Vers 21H45 (20H45 GMT), il y a eu l’alarme pour avarie, deux coups de sifflets longs suivis d’un court et nous avons gardé notre calme pour éviter de faire paniquer les passagers», a indiqué une animatrice du navire, selon qui «l’abandon du navire a été décidé deux heures plus tard».
Plusieurs passagers ont décrit des «scènes d’apocalypse» et de «panique» avec des bousculades entre passagers cherchant à monter sur les chaloupes, au milieu de cris et pleurs de la cinquantaine d’enfants et des nombreux retraités participant à la croisière.
Une passagère journaliste, Mara Parmegiani, a dénoncé l’impréparation de l’équipage: «Il y a eu des problèmes au moment où les chaloupes ont été descendues à la mer» et le pilote de son canot «a dû être remplacé», alors que certains gilets de sauvetage «ne fonctionnaient pas, de même que les lumières» d’urgence.
La capitainerie du port de Livourne, le plus important de Toscane, a ouvert une enquête sur les causes de l’accident et sur la façon dont les passagers ont été secourus.
Les «boîtes noires» du navire (enregistrement des conversations) ont été récupérées et saisies par la justice.
La question principale concerne la présence du navire trop près des côtes du Giglio, à 1.500 mètres, selon un passager français.
le 15/01/2012 à 06:30 par AFP lalsace.fr 15/01/2012
Le bilan était de 17 morts au soir du 28 janvier 2012.
Costa Croisières propose 11 000 Euros d'indemnités pour chacun des plus de 3000 passagers en échange d'un refus de poursuite judiciaire contre l'opérateur du Concordia?