Weis face à Erding

Weis face à Erding

AFP-TRIBOUILLARD
Face à la très valeureuse équipe de Quevilly, le PSG a décroché son billet pour la finale de la Coupe de France.

Quevilly, équipe de CFA, a tenu la dragée haute au Paris Saint-Germain qui s'est finalement imposé sur la plus petite des marges, 1-0. Dans un match au rythme très soutenu, l'équipe normande aurait même pu égaliser si le ballon n'avait pas heurté le montant gauche des cages parisiennes. Le club de la capitale affrontera Monaco en finale.

 

Paris soulagé

Le charme de la Coupe de France, à une époque où les salaires des joueurs ont atteint des sommets, c’est pourtant le club de CFA, Quevilly, qui se retrouvait face au Paris Saint-Germain en demi-finale de Coupe de France. Trois divisions les séparent, certes, mais il faut tout de même noter que la plupart des joueurs sortent de centres de formation professionnels et que leur rythme d’entraînements n’a plus grand-chose à voir avec de l’amateurisme.

Pour ce match historique pour le club, déjà demi-finaliste en 1968, l’entraîneur Régis Brouard avait opté pour une formation portée sur l’attaque avec trois attaquants. Et la première action était à mettre sur le compte de l’équipe amateur, après un centre côté droit de Laup qui mettait déjà en difficulté Edel (1ère). Sur chaque ballon, les joueurs de Quevilly se jetaient comme des morts de faim, et surtout, démontraient que tactiquement et techniquement, ils n’avaient pas grand chose à envier aux professionnels. Et le public du Stade Michel-d’Ornano ne s’y trompait pas en soutenant sans relâche le « petit poucet ».

Face à cette belle prestation, les Parisiens avaient le mérite de rester sereins et se montraient à leur tour dangereux, notamment sur corners. Les contres normands donnaient des sueurs froides à Antoine Kombouaré, conscient qu’une défaite serait vécue comme une humiliation, alors qu’un succès pourrait sauver la saison du club parisien.
Et les joueurs parisiens commençant à sentir le danger, multipliaient les fautes dès que les joueurs de Quevilly approchaient des 30 mètres. A la suite d’un corner, le capitaine de l’USQ Beaugrand remettait dans l’axe, puis Weis ratait de peu le cadre en tentant une tête à deux mètres des cages d’Edel (28e). Dans un match très ouvert, le PSG se montrait à son tour menaçant à l’image d’un centre appuyé de Hoarau pour Erding, mais le meilleur buteur parisien ne parvenait pas à armer suffisamment bien sa frappe pour ouvrir le score.

Les approximations parisiennes profitaient aux Normands et à deux minutes de la pause, Vaugeois ratait d’un rien l’ouverture du score sur une frappe d’une trentaine de mètres, détournée de peu par le dernier rempart parisien. Sur le corner qui suivait, Edel s’y reprenait à deux fois pour capter le cuir, et Pallois bousculait le gardien qui n’appréciait guère et faisait mine de donner un coup de tête. Les deux joueurs recevaient un carton jaune chacun.

Et malheureusement, les esprits s’échauffaient de nouveau en raison des comportements devenus malheureusement habituels avec les professionnels. Makelele allait en effet provoquer les joueurs adverses, s’en suivait une bousculade et le milieu parisien recevait fort justement un carton jaune. L’arbitre M. Fautrel ne tardait alors pas à siffler la mi-temps (0-0).


De retour des vestiaires, les joueurs se préparaient à une lutte âpre. Mais il ne fallait attendre que cinq minutes pour voir le panneau d’affichage se modifier. Armand centrait, le ballon était finement détourné par Giuly et Erding n’avait plus qu’à croiser de la tête pour tromper le gardien de but de l’USQ, Rhoufir (1-0, 50e). La joie des Parisiens démontraient à quel point ce but était vécu comme un véritable soulagement… Plus que jamais soutenus par le public, les Quevillais ne se démontaient pas et repartaient à l’assaut des cages parisiennes.

Bourreaux de deux clubs de l’élite (Rennes puis Boulogne) pour accéder au dernier carré, les hommes de Régis Brouard comptaient bien revenir dans la partie. Ils gardaient le même rythme qu’en première période, et une égalisation restait toujours à la portée de l’équipe amateur. L’exploit de Calais (seule équipe de CFA à avoir atteint la finale) en 2000 restait certainement dans les têtes parisiennes.

Les contres de Quevilly restaient toujours aussi dangereux, mais les minutes s’écoulaient, les organismes commençaient à accuser le coup. Malmenés jusque là, les défenseurs parisiens parvenaient enfin à maîtriser les ardeurs des attaquants adverses et tenaient ainsi la victoire. Malgré des derniers assauts au courage qui faisait se lever tout le stade, et surtout un poteau après une tête de Pallois à une minute de la fin, les Quevillais s’inclinaient sur ce petit score de 1-0, la tête très haute.


Réactions

Régis Brouard (entraîneur de Quevilly): "Pourquoi aurais-je des regrets? Je pense que mes joueurs ont fait le match que j'étais en
droit d'attendre d'eux. On encaisse ce but sur une situation malheureuse. Ca s'est pas joué à grand chose. La déception est automatique quand on perd après ce parcours magnifique. Je ne peux que féliciter mes joueurs d'avoir su se hisser à ce niveau. On a su créer des choses mais Paris dégage plus de puissance. Il faut dire les choses comme elles sont. On s'est parfois qualifiés avec la chance pour nous. Là, on a un poteau extérieur. C'aurait pu être intérieur. Ca fait partie du foot. On y croyait. Je remercie tous les gens de s'être déplacés, d'avoir mis cette ambiance formidable, d'avoir poussé. C'était merveilleux. Je remercie aussi l'organisation avant ce match. Ils ont beaucoup travaillé et ce n'était pas évident. Il reste huit matches de championnat. Il va
falloir le finir et le respecter. Je sais que les joueurs sont déçus, sûrement abattus même. Il faut remobiliser tout le monde. Je suis fier de la façon dont les joueurs se sont comportés. J'espère qu'ils ont donné beaucoup de plaisir au foot amateur qu'on représentait cette année. J'espère qu'on s'en souviendra longtemps".

Antoine Kombouaré (entraîneur du Paris SG):
"Avant de parler de soulagement, de satisfaction, je veux rendre hommage à cette équipe de Quevilly qui n'était pas là par hasard. Le stade était hostile, les adversaires survoltés. Il a fallu un très grand PSG et se battre jusqu'au bout. C'était compliqué mais je suis super fier. Il fallait être présent dans les duels. Finalement on arrache la
qualification et on se retrouve en finale. Chaque chose en son temps. On va savourer et reprendre des forces. En finale, c'est toujours du 50-50. Je suis fier de ce qu'ils ont montré. Il fallait être costaud. Il y a eu beaucoup d'émotion. A la pause, j'ai dit à Mevlut (Erding) de garder confiance en lui, de garder son jeu, et la tête haute, qu'il finirait par marquer. Il a raté des situations mais s'en est créées beaucoup. On a livré une grosse performance collective. Il fallait être solide derrière. On a peut-être eu un parcours difficile cette année et on savait que pour arracher une saison plus belle, ça passait par le meilleur parcours possible en coupe. On veut se racheter. Si on gagne la coupe, ce sera une belle saison quand même".

Anthony Laup (attaquant de Quevilly):
"Il y a de la déception, beaucoup. Surtout que je pense qu'il y avait moyen de faire quelque chose. Ca n'a pas penché en notre faveur avec ce poteau sortant et cette frappe contrée sur le but. On doit sortir la tête haute. On est déçu mais il y a aussi beaucoup de fierté car on n'a pas été ridicule face à cette grande équipe. On a fait un bon match. Quand on voit comme ça le public qui s'est déplacé
derrière nous de la 1re à la 90e minute, c'est superbe, extraordinaire. On ne va pas oublier de sitôt ce qu'on a vécu ensemble et j'espère qu'on a rendu fier tout le peuple normand. C'était l'année de Quevilly, tant mieux pour le club. Ca va être dur maintenant. Notre quotidien, c'est le championnat de France amateur. Il faut se servir de ça pour la suite. Ca va être dur mais ça fait rêver."

Sylvain Armand (défenseur du Paris SG): "C'était difficile mais on s'y attendait. L'important, c'était la qualification, pas la manière. On savait qu'ils avaient de bons joueurs en face et l'objectif est atteint. A nous maintenant d'aller chercher une place européenne et de sauver la saison. Quand la balle frappe le poteau, je me suis dit: +merde, on ne va pas encaisser un but à la 91e+. Tout ça, j'espère que ça paiera au bout. On est conscient que notre saison est moyenne même si on est mieux depuis un mois et demi. C'est bien de retrouver un peu de sérénité. C'est toujours une fierté, un grand moment d'aller au stade de France. Surtout qu'avec Paris on a la chance d'y aller tous les deux ans! Ce sera une belle finale et j'espère que ça se passera bien. On les avait bien étudié et on savait qu'il fallait jouer sur leur milieu de terrain. On aurait préféré marquer un peu plus tôt pour se soulager mais on a bien respecté les consignes. Il y a eu des doutes. En discutant avec certains à la pause, on s'est dit qu'on espérait que ça n'allait pas nous retomber dessus d'avoir raté tant d'occasions. Et finalement Mevlut a marqué peut-être l'occasion la plus difficile, et a rattrapé ses erreurs de la 1re période."


sport.france3.fr Romain Bonte 15/04/2010