Tour de France: le Tourmalet sacre Schleck et conforte Contador

Andy Schleck a gagné jeudi, au sommet du Tourmalet embrumé, la dernière étape pyrénéenne du Tour de France avec l'assentiment du maillot jaune Alberto Contador, plus que jamais en position de remporter son troisième Tour de France.

Les deux hommes se sont élevés au-dessus de la mêlée du peloton sur les dix derniers kilomètres du grand col des Pyrénées mais Schleck n'a jamais pu décramponner Contador, qui conserve huit secondes d'avance au classement général avant le contre-la-montre Bordeaux-Pauillac de samedi.

Depuis la présentation du parcours du Tour 2010, Contador et Schleck étaient d'accord sur un point : l'arrivée de la 17e étape au sommet du col du Tourmalet serait décisive.

Tout était réuni ce 22 juillet pour connaître une grande ascension: deux champions soucieux de s'expliquer en tête-à-tête dans un col mythique, soudainement enveloppé dans une brume humide et froide.

Les deux hommes, qui ont rapidement relégué leurs poursuivants à plus d'une minute, ont très vite donné l'impression que leur duel s'achèverait une nouvelle fois sur un match nul.

N'ayant pas une équipe assez puissante pour lancer les hostilités dans le col de Marie-Blanque ou dans le Soulor, le Luxembourgeois avait tout misé sur la dernière ascension.

Le Tourmalet a été abordé par l'équipe Saxo Bank a un rythme élevé, Fabian Cancellara, Stuart O'Grady et Chris-Anker Sörensen se chargeant d'étirer le peloton et de distancer, de façon surprenante, tous les équipiers de Contador à 12 km du sommet.

Deux kilomètres plus haut, Andy Schleck a accéléré pour se poster devant le peloton. Dans le même mouvement, et sans le moindre rictus, Contador l'a suivi.

CONTADOR FACILE

Les deux hommes forts du Tour avalaient la pente, Contador se contentant de défendre, Schleck se souciant d'abord de repousser le plus possible ses deux poursuivants au classement général, le Russe Denis Menchov (Rabobank) et l'Espagnol Samuel Sanchez (Euskaltel).

Sanchez, victime d'une chute en début d'étape et éprouvant des difficultés pour respirer, a retrouvé toutes ses capacités dans le Tourmalet et pris la cinquième place de l'étape, huit secondes devant Menchov.

La troisième place se jouera entre les deux hommes dans le contre-la-montre, le Russe semblant capable de reprendre les 21 secondes qui le séparent du grimpeur d'Euskaltel.

Schleck, qui s'était dit prêt à perdre sa deuxième place pour prendre la première, n'a jamais eu ce souci.

L'écart a rapidement atteint la minute. Constatant que Contador restait facilement dans son sillage à chaque accélération, il s'est retourné à plusieurs reprises pour chercher son regard. Contador est resté impassible.

Il lui a aussi parlé à plusieurs reprises et c'est après une nouvelle interpellation du Luxembourgeois, lui demandant de le relayer, que Contador a attaqué à 3,8 km de l'arrivée. Sans vraiment insister, simplement pour le calmer.

"J'ai beaucoup accéléré, je pense que c'était le seul moyen de le distancer mais Contador était trop fort. A la fin, il a attaqué pour me ramener à la raison, pour me rappeler qui il est", a dit Schleck.

"BEAUCOUP DE RESPECT"

Le maillot blanc n'a plus insisté, guidant son rival jusqu'au sommet, dans un mince couloir laissé par une foule parfois hystérique et dans une visibilité de plus en plus faible.

À 400 mètres de la ligne d'arrivée, Contador s'est posté à côté de lui mais n'a pas disputé la victoire d'étape à son dauphin, vainqueur pour la deuxième fois dans le Tour après son succès à Morzine-Avoriaz. Entre les deux rivaux, la paix est acquise.

"J'ai beaucoup de respect pour Contador qui m'a laissé la victoire", a dit Schleck.

"Nous sommes toujours séparés de huit secondes, je sais qu'il m'est supérieur dans le contre-la-montre mais le Tour n'est pas fini. Je me dis qu'il est encore possible d'avoir le maillot jaune à Paris."

Contador, ravi de sa course, ne se hasardait à aucun pronostic avant le contre-la-montre décisif de samedi.

Il a simplement justifié son attitude défensive : "Je n'ai gagné aucune étape mais l'objectif est de gagner le Tour. Mon obsession est le maillot jaune."

"On me pose souvent la question : suis-je le plus fort en montagne ou dans le contre-la-montre. Les deux sont importants et je pense que je vais faire du très bon travail samedi."

Reuters Gilles Le Roc'h Edité par Clément Guillou 22/07/2010