Nicolas Sarkozy annonce que les hauts revenus et les revenus du capital seront mis à contribution pour le financement des retraites, dans le cadre d'une réforme qu'il souhaite boucler cet automne.
Le président français s'adressait aux principaux dirigeants syndicaux et patronaux réunis à l'Elysée pour un bilan des mesures de lutte contre la crise et en faveur de l'emploi.
A l'approche d'une phase cruciale de la préparation de la réforme des retraites, dont il a fait le grand chantier de 2010, il a tenu à conclure son intervention par un long dégagement sur ce dossier, qui n'était pas à l'ordre du jour.
Selon le texte de son allocution préliminaire, diffusé par l'Elysée, il a ainsi réaffirmé l'urgence de cette réforme pour assurer la pérennité du régime français de retraites par répartition, dont la crise a accéléré le déséquilibre financier.
Il a également redit que deux solutions ne lui paraissaient pas souhaitables : toucher aux pensions et "croire (...) que la hausse des prélèvements obligatoires pourrait être la réponse".
"Je suis profondément convaincu qu'à un défi démographique, il faut d'abord des réponses démographiques", a-t-il ajouté.
Nicolas Sarkozy n'en a pas moins assuré que cette réforme renforcerait "l'équité du système par un effort financier supplémentaire des hauts revenus et des revenus du capital".
Il avait laissé entendre au début du printemps qu'un effort pourrait être demandé aux bénéficiaires du "bouclier fiscal", qui limite à 50% des revenus d'un contribuable le total de ses impôts directs.
"On voudra peut-être faire quelque chose à un moment ou à un autre pour que la réforme soit perçue comme absolument juste", avait dit le chef de l'Etat, qui avait émis l'hypothèse d'un "prélèvement spécifique pour une catégorie de la population".
Dans son discours de lundi aux partenaires sociaux, Nicolas Sarkozy a promis que la réforme serait "juste"
Il a ainsi réaffirmé qu'elle concernerait tous les actifs, du secteur privé comme du secteur public, qu'elle apporterait des réponses à la question de l'emploi des seniors mais aussi à celle de la pénibilité, et qu'elle serait progressive.
"Il n'est pas question de changer brutalement les règles pour ceux qui sont proches de l'âge de la retraite", a souligné Nicolas Sarkozy.
Le président de la République a précisé qu'il demandait au ministre du Travail Eric Woerth de rendre public au début de la semaine prochaine un document d'orientation, qui indiquera les principes assignés à la réforme.
Ce document fera l'objet d'une nouvelle étape de "concertation approfondie", a-t-il ajouté.
Emmanuel Jarry et Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse Reuters 10/05/2010