«Imaginez qu'un membre de votre groupe meurt. Le corps peut vous obliger à ne pas chasser pour un jour, ce qui était toujours dangereux à l'époque, et puis que faire avec le corps mort, qui pourrait attirer des carnivores dangereux qui pourraient attaquer le groupe. Cela pourrait être une bonne solution.»
Pour déterminer quelles traces les humains laissent quand ils mâchent ou rognent des os, les chercheurs ont fait manger à quatres groupes d'Européens des côtelettes de porc et de la viande d'agneau bouillie, en leur demandant de ne laisser que les os propres (et donc de grignoter ces derniers). Les scientifiques ont aussi étudié des os mâchés dans les années 1960 par un peuple de Namibie qui ne cuisait pas sa nourriture autant que les Européens, et analysé des collections d'os fossilisés d'anciens sites d'hominidés en Espagne, en Grande-Bretagne et dans la région du Caucase.
Ils en ont conclu que les traces humaines laissaient un motif distinct de celui d'autres animaux (par exemple, les animaux carnivores ne plient pas le bout d'un os ou ne laissent pas les égratignures de nos incisives). Ce motif même qui a été retrouvé sur des os humains. Et puisque le fait de mâcher un os sous-entend que celui qui mange essaye d'atteindre jusqu'à la moelle et aux plus petits lambeaux de viande, ces marques supposent également que ce cannibalisme était nutritionnel et ne faisait pas partie d'un rituel.
En plus de nous apprendre que nos ancêtres étaient parfois cannibales, le fait de pouvoir distinguer les traces de dents humaines de celles d'animaux carnivores sur des os permet aussi d'en savoir plus sur ce qu'ils mangeaient: les scientifiques ont ainsi découvert que les Homo habilis mangeaient du hérisson, et qu'ils se servaient d'outils pour le déguster. Les hommes de Néanderthal semblent avoir eu comme habitude de consommer des bébés de mammifères marins (évitant les adultes, plus dangereux).
Slate.fr News Yahoo 16/12/2010