Le taux de rémunération du livret A conserve sa valeur fixée en août 2009 : 1,25%, alors que la Banque de France aurait pu recommander sa révision au premier avril. Or l'inflation en rythme annuel telle que calculée par l'Insee atteint, elle, 1,5% hors tabac en mars. Le taux réel de rémunération (soit le taux d'intérêt nominal corrigé du taux d'inflation) devient donc négatif : les sommes placées sur un livret A progressent moins vite que l'inflation. Et la situation risque de ne pas s'arranger. La hausse des prix va très probablement se poursuivre dans les prochains mois, et la prochaine révision du taux du livret A n'interviendra que le 15 juillet prochain pour application au premier août.

Les effets d'une inflation en dents de scie

 

Cette situation s'explique autant par le mode de calcul du taux du livret A que par l'évolution de la situation économique depuis un an. Avant 2004, la détermination de ce taux relevait d'une décision politique souveraine poussant souvent soit à la démagogie, soit à l'impopularité. Depuis, il résulte de l'application automatique d'une formule mathématique calculée à partir de différents taux d'intérêts bancaires européens et du taux d'inflation glissant annuel fourni par l'indice Insee des prix à la consommation. Une majoration systématique de 0,25% du résultat implique que le taux du livret A excède toujours l'inflation. Sauf si celle-ci varie fortement entre deux révisions. Justement ce qui vient d'arriver. En septembre 2009 par exemple, avec une inflation négative ( - 0,37%), le 1,25% du livret A était une bonne affaire. Avec une inflation revenue à + 1,19% en février, le rapport du livret A dépassait à peine l'équilibre. Avec une inflation à 1,5% en mars 2010, rien ne va plus.

 

La stagnation du taux compense le coup de pouce de janvier 2010

 

Le gouverneur de la Banque de France dispose pourtant depuis l'an dernier d'un outil pour faire coller plus étroitement, chaque trimestre, le taux du livret A à la conjoncture. La procédure de révision intermédiaire des taux, établie par un arrêté du 27 janvier 2009, autorise à faire évoluer ceux-ci au premier mai et au premier octobre si le gouverneur " estime que la variation de l'inflation ou des marchés monétaires est très importante ". Il ne l'a pas estimé, de façon tout de même surprenante à la vue des chiffres. A sa décharge on rappellera qu'il avait recommandé le maintien du taux à 1,25% en janvier dernier alors que le calcul automatique de la formule applicable aurait dû conduire à son abaissement à 1%. La stagnation choisie pour les trois mois à venir apparaît donc comme un rattrapage sans doute justifiable, mais tout de même peu favorable aux épargnants

 

Allez voir du côté des livrets bancaires

En attendant, peut-être, une bonne nouvelle au 1er août, date de la prochaine révision, les épargnants pourront se tourner vers les livrets bancaires. Certains d'entre eux proposent, hors promotions, des taux de rendement plus rémunérateurs - entre 2% et 2,5% brut -. Et ce, même en tenant compte de leur fiscalité moins favorable (leurs intérêts sont soumis à l'impôt sur le revenu, contrairement à ceux du livret A). Citons : Cortal Consors (2.9% brut), Binck bank (2.25 brut), Fortuneo (2.3% brut), BPE (2% brut) BforBank (2.5% brut), Matmut (2.1% brut).

MSN Finances testepourvous.com, 21/04/2010