Mondial: Thierry Henry reçu à l'Elysée, les politiques s'agitent
Le président Nicolas Sarkozy a reçu Thierry Henry à l'Elysée pour faire le point sur la situation de l'équipe de France après la déroute des Bleus au Mondial, qui prend des allures d'affaire d'Etat.
Rien n'a filtré de cet entretien qui s'est déroulé loin des caméras, l'entourage du chef de l'Etat se contentant d'indiquer qu'il n'y aurait "aucun commentaire" sur cette rencontre organisée "à la demande de Thierry Henry".
Selon RTL toutefois, la demande a émané du chef de l'Etat, qui a appelé à une refonte du football français après le parcours désastreux des Bleus en Coupe du monde, où ils n'ont pas passé le premier tour.
Deux jours après leur dernier match, perdu 2-0 contre les Sud-Africains, le retour des Bleus en France a marqué jeudi un nouvel épisode d'un feuilleton qui dure depuis une semaine.
"L'heure est à la souffrance", a dit Patrice Evra, capitaine de l'équipe de France, à un motard d'i>Télé qui suivait la voiture qui le ramenait de l'aéroport .
Après l'atterrissage de l'avion de l'équipe en fin de matinée au Bourget, au nord de Paris, Thierry Henry est monté à bord d'un véhicule envoyé par l'Elysée, précédé de deux motards.
D'après des sources concordantes, l'attaquant du FC Barcelone est entré par une porte donnant sur le jardin présidentiel à l'abri des caméras, loin de la cinquantaine de journalistes qui l'attendaient devant l'entrée principale.
"BIG-BANG"
Des organisations gouvernementales ont regretté de voir leur rendez-vous prévu jeudi matin à l'Elysée déplacé au Quai d'Orsay, accusant la présidence de préférer le football à la préparation du G20 de ce week-end à Toronto.
Ce à quoi l'Elysée a répondu dans un communiqué que ce rendez-vous n'avait pas été déplacé "en raison de l'entretien du président de la République avec M. Thierry Henry, prévu à une autre heure, mais en raison de contraintes liées à la préparation des sommets du G8 et du G20".
L'élimination des Bleus, qui s'est accompagnée d'une crise sans précédent avec l'exclusion de l'attaquant Nicolas Anelka et une fronde des joueurs contre la Fédération française de football (FFF), a pris des allures d'affaire d'Etat.
Mercredi, Nicolas Sarkozy a réuni le Premier ministre, la ministre des Sports, Roselyne Bachelot, et sa secrétaire d'Etat, Rama Yade à l'Elysée.
Le chef de l'Etat a demandé l'organisation d'états généraux du football français en octobre pour tirer les leçons de la piteuse élimination des Bleus au premier tour.
Invitée sur France 2 mercredi soir, Rama Yade, a demandé "un big-bang du foot français", appelant à la "refonte du système fédéral" et invitant "les responsables de la situation à en tirer les conséquences".
La ministre des Sports, Roselyne Bachelot a annoncé jeudi matin sur RTL avoir renoncé à mener un audit sur les Bleus pour laisser place à une commission d'enquête parlementaire.
"Je trouve assez logique que ce soient les représentants des Français qui mènent cette enquête", a-t-elle estimé.
"PETITS MERDEUX"
Deux députés UMP ont demandé mercredi la création d'une commission sur les "graves dysfonctionnements" lors de l'organisation de la Coupe du monde par la FFF.
Une mauvaise idée, selon Jean-Pierre Grand.
Pour le député UMP "villepiniste", "ce n'est pas le rôle du Parlement d'essayer de comprendre pourquoi des garçons qui sont payés plusieurs millions d'euros par an ne courent pas sur un terrain de foot".
"S'ils ont les pieds carrés et s'ils n'ont pas envie de courir ce n'est pas en faisant une commission d'enquête qu'on arrangera les choses, c'est en les virant et en ne les payant plus", a-t-il ajouté dans les couloirs de l'Assemblée.
L'élu UMP Jacques Myard a déposé de son côté une proposition de loi "visant à renforcer le lien à la Nation des sportifs sélectionnés en équipe de France".
Il propose notamment qu'un joueur ne puisse être sélectionné en équipe de France "qu'à la condition d'avoir sa résidence fiscale en France ou dans un Etat de l'UE" et que "tout joueur soit tenu au respect et à la promotion des emblèmes républicains et du principe de laïcité".
Lors de la réunion à huis clos du groupe UMP mardi, plusieurs députés ont stigmatisé les Bleus, les traitant de "racaille", de "voyous", voire de "petits merdeux".
Le secrétaire d'Etat à la Politique de la ville, Fadela Amara, y a pris la parole pour mettre en garde "contre une 'ethnicisation'" de l'affaire.
Pour la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, l'idée présidentielle d'organiser des états généraux du football "frôle l'indécence".
"A la veille d'une manifestation nationale sur les retraites, cette annonce était totalement déplacée", écrit-elle dans un communiqué.
Reuters Elizabeth Pineau News Yahoo Laure Bretton, Sophie Louet et Emile Picy, édité par Yves Clarisse 24/06/2010