Costa Concordia : Francesco Schettino, chauffard des mers
Tout accable le commandant Francesco Schettino, qui n'en était pas à sa première folie au timon du Concordia. ( photo par capture d'image lepoint.fr)
Comment Francesco Schettino, le commandant du Concordia, a-t-il pu commettre autant d'erreurs ? La question est, dans la péninsule, sur toutes les lèvres devant l'accumulation de témoignages qui accablent le commandant.
On sait désormais avec certitude que c'est Francesco Schettino qui a décidé de dérouter le paquebot pour "saluer" la famille d'un membre d'équipage natif de l'île du Giglio. Pour faire cette manoeuvre, il a débranché le système de navigation automatique et toutes les alarmes qui l'auraient informé de la présence de rochers. Il a menti à la garde côtière en invoquant un simple "black-out électrique". Il a retardé inexplicablement l'envoi du signal de détresse et l'ordre d'évacuer le navire, faisant perdre de précieuses minutes avant que le Concordia ne commence à s'incliner, mettant ainsi hors d'usage toutes les chaloupes situées sur le flanc tribord du paquebot. Seule la mutinerie d'un groupe d'officiers qui ont commencé l'évacuation avant l'ordre du capitaine a évité que le bilan - 7 morts et 29 disparus - ne soit bien plus grave. Enfin, il fut un des premiers à quitter le Concordia, abandonnant des centaines de passagers - hommes, femmes et enfants - à leur sort.
Fanfaron
Francesco Schettino est né il y a 52 ans à Sorrente, près de Naples, dans une famille de marins. Son frère, Salvatore, et ses cousins sont tous marins. Sa mère descend d'une famille d'armateurs de renom, les Cafiero. La mer, donc, comme seul horizon de Francesco Schettino depuis son enfance. Après une école d'officiers de marine, il s'engage sur des ferry-boats de la Tirrenia, des pétroliers de l'Agip, puis des navires de la MCS Croisières. En 2000, enfin, la consécration : il entre à Costa Croisières où il sera longtemps le second à bord du Serena, navire jumeau du Concordia. Terenzio Palombo, son commandant sur le Serena, se souvient de Schettino comme d'un fanfaron, un "crâneur". "Plusieurs fois, j'ai dû le remettre à sa place." Un jugement confirmé par d'autres sources. Francesco Schettino est un bon marin, mais il veut toujours tenir lui-même le gouvernail, en faire trop, démontrer qu'il est le meilleur. "Il se comportait comme un chauffeur qui conduirait un bus comme un pilote de Ferrari sur un circuit", a déclaré un enquêteur.
Une inconscience dont Schettino avait déjà fait preuve le 17 décembre dernier dans le port de Marseille. Ce jour-là, le vent souffle en tempête à 60 noeuds. Prendre la mer est fortement déconseillé. Autoritaire et cassant comme à son habitude, Schettino lance devant ses officiers abasourdis : "On y va quand même, inspectez les repoussoirs des quais, assurez-vous qu'ils tiennent bien." À la barre du Concordia et avec tous ses passagers à bord, le commandant lance alors son navire "en avant toute" en lui faisant prendre appui sur le quai du port. Une manoeuvre possible en Zodiac, mais folle pour un navire de 290 mètres de long, 35 de large et 61 mètres de haut.
Manoeuvre insensée
Le "salut" aux habitants du Giglio était également une manoeuvre insensée. Le commandant a en effet volontairement dirigé le Concordia entre les écueils des Scole, l'îlot situé à 500 mètres de l'entrée du port. "Cela revient à faire passer un monstre de 36 mètres de large dans un canyon de basses eaux large d'à peine 68 mètres, explique un enquêteur. C'est comme faire passer un fil dans le chas d'une aiguille."
17/01/2012 News Yahoo
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