Bronchiolite : faut-il avoir peur de la kiné ?
Anne Jeanblanc constate dans Le Point qu’« une fois encore, la revue Prescrire met en garde contre la kinésithérapie respiratoire chez les jeunes enfants souffrant de bronchiolite, en affirmant […] que sa "balance bénéfice-risque est défavorable" ». « De quoi étonner bien des parents pour qui cette pratique est toujours considérée comme indispensable afin de "désencombrer" leur bébé malade et de l'aider à mieux respirer. Mais voilà, l'analyse de 9 études comparant ce type de traitement manuel à l'absence de kinésithérapie respiratoire confirme les précédentes mises en garde », relève la journaliste.
Anne Jeanblanc indique que « la technique de percussions et vibrations thoraciques associées au drainage postural a été évaluée dans 5 essais, chez 246 nourrissons. La technique d'accélération du flux respiratoire avec toux provoquée, préconisée en France, a été évaluée dans 4 essais, chez 645 nourrissons ». « Que les bébés aient été traités de cette manière ou non, l'évolution de leurs symptômes n'a pas été différente, pas plus que l'oxygénation de leur sang, leur fréquence respiratoire, la durée de leur maladie (elle a été de 13 jours en moyenne) ou de leur séjour à l'hôpital. Et cela, quelle que soit la technique de kinésithérapie utilisée », explique la journaliste.
Anne Jeanblanc précise que « surtout, cette pratique a entraîné un certain nombre d'effets indésirables dont les principaux ont été une moins bonne oxygénation du sang pendant la séance et des vomissements ». Prescrire remarque ainsi qu’« outre un inconfort, la kinésithérapie respiratoire expose les nourrissons à des douleurs, voire des fractures de côtes (dans les hôpitaux parisiens, le risque a été évalué à 1 fracture pour 1 000 nourrissons traités). […] Mieux vaut épargner cette épreuve aux bébés ». Anne Jeanblanc s’interroge : la revue « sera-t-elle plus entendue cette année que les précédentes ? ».
Le Nouvel Observateur aborde aussi cette publication de Prescrire, et relève qu’« alors que de nombreux parents vont être confrontés dans les prochaines semaines à une bronchiolite de leur bébé, […] ces conclusions pour le moins surprenantes posent plusieurs questions ». Le magazine s’interroge : « La kiné est-elle dangereuse ? », relevant qu’« un autre travail réalisé en janvier 2009 par des kinésithérapeutes lyonnais faisait état d'un risque de fracture dans 1 cas sur 4.103 séances ».
Le Nouvel Observateur note cependant que « les médecins sont moins tranchés. Certains dénoncent le biais méthodologique de cette synthèse. Elle ne porte que sur une infime partie des nourrissons, c'est-à-dire ceux qui nécessitent une hospitalisation ». Le Dr Jacques Cheymol, pédiatre à Clichy, remarque ainsi que les séances de kiné « permettent aux enfants d'éviter l'hospitalisation et aussi de suivre l'évolution de la maladie avec un personnel paramédical ».
« Quant aux effets indésirables comme les vomissements, le Dr Cheymol recommande de pratiquer les séances avant les repas », ajoute le magazine.
De son côté, « le Pr Brigitte Fauroux, pneumologue-pédiatre à l'hôpital Armand-Trousseau à Paris, confirme les conclusions de Prescrire et insiste sur le fait que la France est le seul pays à prescrire de la kiné respiratoire. Or, selon elle, elle doit rester exceptionnelle. Car, si les séances servent à éliminer des bronches les sécrétions, la grande majorité des enfants y parvient seule », relève l’hebdomadaire.
Le Parisien s’interroge aussi : « Faut-il avoir peur de la kiné ? ». Le journal livre les propos du Dr Sydney Sebban, pédiatre et coordinateur du Réseau bronchiolite Ile-de-France, qui déclare : « Il ne faut pas tout mélanger. Ces études ont été menées sur des bébés très fragiles et déjà en situation de détresse respiratoire ». Le praticien ajoute qu’« en dégageant les bronches, [la kinésithérapie] permet à l’enfant de mieux respirer, donc de mieux prendre son biberon et de rester bien hydraté et nourri ».
Laurent Frichet Médiscoop Tsavopresse 5-12-2012