Faire du cœur avec de la peau
Damien Mascret remarque dans Le Figaro qu’« une équipe de scientifiques israéliens de l'université de Haïfa (Technion), dirigée par le Pr Lior Gepstein, est parvenue à reprogrammer des cellules de peau prélevées sur deux personnes âgées de 51 et 61 ans souffrant d'insuffisance cardiaque afin de redonner de la vigueur à leur cœur défaillant ».
« Les cellules ont ensuite été reprogrammées pour battre au même rythme spontané que les autres cellules d'un tissu cardiaque mis en culture en éprouvette. Elles ont ensuite été réinjectées avec succès dans le cœur de rats », note le journaliste.
Le Pr Phillipe Menasché, chirurgien cardiaque à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (Paris), réagit : « Ce travail a été réalisé par une excellente équipe. Il montre que la reprogrammation de cellules cutanées, habituellement réalisée à partir de cellules d'hommes jeunes, est aussi possible à partir de personnes malades et âgées ».
Damien Mascret explique que « les cellules de la peau des patients eux-mêmes ont été rajeunies et transformées en cellules cardiaques. Avec deux atouts majeurs. Premièrement, ces cellules semblent s'intégrer harmonieusement aux cellules cardiaques qui les entourent dans l'éprouvette. Il ne faudrait pas en effet qu'elles se mettent à jouer leur propre partition lorsqu'elles seront injectées directement dans le cœur, car elles pourraient provoquer une arythmie cardiaque dangereuse pour le patient ».
« Deuxièmement, les chercheurs ont minimisé les risques potentiels. D'une part, en excluant du cocktail nutritif de rajeunissement des cellules, un facteur utilisé habituellement dans ce genre de manipulation mais qui pourrait donner des cancers à long terme. D'autre part, en utilisant les cellules du patient, ce qui élimine théoriquement le risque de rejet », poursuit le journaliste.
Damien Mascret observe cependant que « le Pr Menasché reste perplexe », ce dernier remarquant que « compte tenu des contraintes réglementaires en matière de sécurité, il est douteux que le cocktail utilisé dans cette étude puisse l'être chez l'homme ».
Le journaliste ajoute que « pour l'instant, l'équipe israélienne s'est contentée de vérifier que le tissu cardiaque fabriqué avec ces cellules pouvait fonctionner normalement une fois injecté dans le cœur de rats. Il reste donc encore bien du chemin à parcourir avant de valider la technique chez l'homme ».
Damien Mascret souligne qu’« il faudra aussi s'assurer que les cellules manipulées n'induisent pas de réaction immunitaire ou cancéreuse. En la matière, les précautions de laboratoires ne valent pas les essais réalisés chez l'homme ».
La Croix relève aussi que « des cellules de peau ont permis de créer des cellules cardiaques humaines ».
« Stade préliminaire à la greffe de ces cellules aux patients eux-mêmes, cette opération ouvre des perspectives pour soigner les personnes atteintes d’insuffisance cardiaque », retient le journal, qui précise toutefois que « les chercheurs comptent commencer les premiers essais cliniques dans une dizaine d’années ».