Papier toilette
Aujourd’hui, le papier toilette ou papier hygiénique, est rentré dans tous les foyers des pays industrialisés.
Comme on dit familièrement en France, le PQ a des origines très lointaines mais sa commercialisation industrielle est par contre beaucoup plus récente.
Les premiers papiers toilettes ont été fabriqués en Chine au XIVe siècle mais leur usage était strictement réservé à l’empereur.
Le premier papier-toilette moderne est né en Angleterre en 1850. Son histoire industrielle remonte à 1857 aux Etats-Unis.
Il faut bien reconnaître que l’homme est le seul animal qui se salisse l’anus en déféquant. Cette constatation a poussé nos ancêtres à développer des techniques afin de se nettoyer cette partie du corps.
Techniques de l’Antiquité au Moyen Âge
Les Grecs s’essuyaient rarement. Quand ils le faisaient, c’était avec les doigts ou avec des cailloux lisses.
Aristophane, qui était un poète comique grec du Ve siècle av. J.-C, nous a laissé un témoignage dans l’une de ses satires sociales qui précise le nombre de cailloux utilisés : »Trois pierres peuvent suffire pour se torcher le cul si elles sont raboteuses. Polies, il en faut quatre. »
Il précise également que la classe riche utilise volontiers des poireaux. Cependant, la technique la plus courante consiste à s’essuyer avec ses vêtements.
A cet égard, on peut lire dans Homère que Nausicaa demande son char et ses chevaux à son père pour aller laver les chemises de ses frères car ils « ne peuvent briller aux assemblées avec des chemises merdeuses. »
Les Romains ont également utilisé des cailloux. Au Ier siècle avant notre ère, à Rome, les techniques étaient déjà plus raffinées. Catulle, poète né en Gaule qui a passé la plus grande partie de sa vie à Rome (87-54 av. J.-C.), précise que la classe patricienne se sert de serviettes de tissu.
Dès la fin du Ier siècle, la laine est adoptée comme papier toilette et il devient courant de la parfumer.
Martial, poète latin d'origine espagnole, qui passa la plus grande partie de sa vie à Rome y fait référence.
Au Moyen Âge, on utilise un bâton courbe pour enlever le plus gros des excréments et l’on fignole avec du foin, des feuilles ou une poignée de terre.
A cette même époque, en Chine, le bâton était déjà utilisé depuis très longtemps. C’était d’ailleurs un objet précieux lors de la succession qui passait de père en fils.
En Asie, on se servait de coquillages et particulièrement des coquilles vides de moules.
Dans les siècles qui suivirent, le papier toilette, quelle que soit sa forme, était loin d’être généralisé.
Dans toutes les couches sociales, les doigts et les vêtements, restaient le plus couramment utilisé.
Au XVIe siècle, le papier est cher et rare. Dans les maisons nobles, on utilise un tissu issu du chanvre ou du lin.
Du velours au papier-lettre
Durant les XVIIe et XVIIIe siècles, dans les grandes maisons bourgeoises, la mode est de s’essuyer le derrière avec un linge.
La toile de lin est très à la mode chez les roturiers tandis que la noblesse pousse le raffinement jusqu’à utiliser du velours.
Le papier est encore rare mais on sait que de nombreux manuscrits d’une valeur inestimable ont fini comme torche-culs.
On ne pourra d’ailleurs jamais estimer la perte de ces documents historiques.
Une équipe d’archéologues dirigée par Pierre-Jean Trombetta a mené des fouilles dans les sous-sols de la Cour Napoléon avant la construction de la pyramide de verre.
Ils ont découvert dans les anciennes latrines du Louvre plus de 700 cachets de cire aux armoiries des plus grands personnages de la fin du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle.
Malheureusement pour nous, leurs écrits ont servi de papier hygiénique.
Au XVIIIe siècle, les journaux se développent et deviennent le papier hygiénique le plus utilisé.
Naissance du papier-toilette
Au XIXe siècle, l’hygiène n’est pas prise en considération par les médecins. Ils sont très rares à avoir compris l’intérêt d’une bonne hygiène et surtout dans cette partie du corps.
Le Docteur Rochard choque beaucoup la bourgeoisie quand il écrit vers la fin du XIXe siècle : « La région de l’anus est souvent le siège d’irritations qu’on doit prévenir par un état de propreté rigoureux. »
Cependant, les mœurs évoluent et les connaissances médicales également.
En Angleterre, le corps médical précise que « le papier utilisé dans les latrines doit être toujours neuf. »
En effet, il n’est pas rare un peu partout dans le monde qu’un morceau de journal qui a déjà servi soit réutilisé.
Je vous laisse imaginer le nombre de germes pathogènes que ces papiers souillés transportaient.
L’histoire industrielle du papier-toilette débute aux Etats-Unis, en 1857, année où Joseph Cayette fonde la Cayetty’s Medicated paper.
Mais, ce papier était considéré comme un luxe et a eu beaucoup de mal à s’imposer. Jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale, les Américains utilisent le plus souvent les catalogues et les journaux. Le catalogue de vente par correspondance de la société Seans est la vedette des latrines d’outre-Atlantique.
En Europe, les journaux continuent à être utilisés jusqu’à la moitié du 20e siècle et bien après la guerre dans de nombreuses campagnes.
Aujourd’hui, le papier-toilette en rouleaux monopolise le marché. Le conditionnement à plat, en paquet de fines feuilles intercalées, est devenu très minoritaire. Ce conditionnement a été inventé par les Français et est resté en vogue au Québec et au Japon.
Il est inconnu du reste du monde.
Papier-toilette et cultures
Il semblerait, d’après les statistiques, que les pays du Nord aient une hygiène plus stricte que ceux du Sud :
Etats-Unis : 10 kg par an/personne
Norvège : 8 kg par an
Canada : 7 kg par an
France: 4,6 kg par an
Belgique: 4,5 kg par an
Suisse : 4,5 kg par an
Espagne : 3,9 kg par an
Portugal : 3 kg par an
Moins d’un quart de la population mondiale utilise du papier-toilette. Dans de nombreux pays en voie de développement, non musulmans, le papier hygiénique est vendu à la feuille, comme au Burkina Faso.
Dans les pays musulmans
L’usage du papier-toilette est lié au niveau de vie et à la religion. Dans les pays industrialisés, depuis quelques années, l’achat de papier premier prix est à la hausse.
Dans les pays musulmans, le papier-toilette est inconnu ou presque. Après défécation, on se lave le fondement avec un tuyau flexible branché sur une arrivée d’eau ou avec de l’eau qu’on amène soi-même.
Pour les Musulmans, seule la main gauche sert aux ablutions, la droite, servant à se nourrir ne doit pas être souillée.
Au Japon
Au Japon, on constate un engouement pour le jet d’eau. Cette invention française du XVIIIe siècle, améliorée depuis, consiste en un jet d’eau tiède et un courant d’air chaud, les deux introduits dans la toilette, et qui nettoient puis sèchent le derrière de l’utilisateur.
Le jet purificateur semble connaître également du succès dans de nombreux pays européens ce qui nous ramène à la méthode musulmane d’ailleurs.
Les médecins reconnaissent que cette méthode est beaucoup plus hygiénique et évite de nombreuses maladies de l’anus.
Source: dinosoria.com Véronique Battaglia 24.08.2008