La médecine française rattrapée par les bureaucrates
Heureux qui comme Ulysse pouvait se soigner en France.
Notre système de santé français était sans doute le meilleur au monde, à l'époque nous médecins, nous soignions nos patients, oui à l'époque...
Actuellement, les médecins ont des objectifs fixés ( Anxiolytiques, Indemnités Journalières liées aux arrêts de travail, Statines, Antibiotiques, Génériques ...) par la CNAM (Caisse Nationale d'Assurance Maladie ou plus simplement la Sécurité Sociale), objectifs dictés par la HAS (Haute Autorité de Santé), qui arrangent bien les affaires de la Sécu.
De sorte que maintenant, les médecins doivent soigner en priorité la santé comptable, des colonnes de paramètres, des quotas, parfois au détriment des patients. Il faudra sans doute rajouter une année d'études au cursus universitaire médical, une année consacrée non pas à l'apprentissage des soins des différentes pathologies, mais à l'apprentissage des prescriptions les moins chères possibles, maladie par maladie... idem à ce qui se passe déjà au Royaume-Uni, où un "Comptable-Econome" contrôle toutes les ordonnances des médecins pour délivrer les prescritions les moins coûteuses sur le marché.
C'est justement là qu'interviennent les médicaments génériques tant utilisés outre-Manche. Les patients britanniques ne connaissent pas nos médicaments à nom commercial. Leurs soins sont entièrement gratuits dans les Centres Médicaux de Quartiers, avec en contre-partie des obligations du patient d'aller chez un médecin imposé (de quartier) par le système de soin (National Health Service: NHS).
Il n'y a donc aucune liberté pour les patients du Royaume Uni (ni choix de médecin traitant, ni médicament non générique). Leur seule autre solution, c'est d'aller dans un cabinet médical privé, mais payant et beaucoup plus cher, c'est la fameuse médecine à deux vitesses.
Vu l'abysse du déficit de notre Sécurité Sociale française, les différents ministres de la Santé en France ont essayé de copier les systèmes étrangers, et ont progressivement imposé la prescription de médicaments génériques.
Au fait, c'est quoi exactement un générique? C'est une copie de médicament moins chère, copie qui utilise la même molécule que le comprimé original, mais où l'ingrédient (poudre ou gelule contenant la molécule), le temps d'absorption, le temps d'action et d'élimination, la consistance de la galénique, le côté sécable, le risque d'allergie à l'ingrédient ... sont pas forcément identiques (sauf quand le laboratoire pharmaceutique fabrique ses propres génériques du produit princeps original) au médicament d'origine.
Le ministre de la santé, qui décide du prix de remboursement des médicaments, ne pourrait-il pas imposer d'autorité une baisse de prix aux laboratoires pharmaceutiques, sachant que ceux-ci ont pratiquement tous baissés les prix d'origine pour s'aligner sur ceux des génériques.
Ce serait trop beau, car en France pour faire simple, nos bureaucrates sont doués, ils soignent des colonnes de chiffres, peu importe si les patients de tout âge se retrouvent d'un mois à l'autre, avec une marque différente de médicaments (marque X, Y ou Z, bleu, rouge ou blanc...), avec des comprimés friables ou amers..., la confusion est souvent telle, que les patients font régulièrement des mélanges, responsables de malaises ou de consultations prématurées chez le médecin, responsable de surcoût à la CPAM.
D'un autre côté, je ne suis pas entièrement contre certains médicaments génériques, le déficit de notre Sécurité Sociale est tel, que chacun devra faire un effort pour faire perdurer au maximum notre système de soins, sinon d'autres déremboursements seront à venir. Il existe malheureusement des patients obtus, qui refusent catégoriquement les médicaments "Aldi", moins chers donc forcément moins bons. Ces patients sont très pénibles pour les médecins, dont la fonction est de soigner, et non de perdre du temps pour faire de l'explication de texte de loi. Le toubib est régulièrement pris entre le marteau et l'enclume, la pression de l'Assurance Maladie et trop de desirata de patients habitués au remboursement total et gratuit.
Par contre, j'aimerais que les Pharmaciens délivrent systématiquement des boîtes identiques de génériques, mois après mois aux mêmes patients, et qu'à prix égal entre médicaments prescrits et copies de médicaments, le patient puisse choisir l'original s'il le souhaite. Ce n'est pas du tout le cas actuellement.
Afin de réussir le passage en force des génériques, un nouveau Contrat a d'ailleurs été signé en juillet 2012, par les Syndicats de Pharmaciens et l'Assurance Maladie: un nouveau deal: l'obtention du tiers payant, en échange du générique, avec la prétention d'exiger du médecin, le respect strict de ce texte de loi, l'obligeant désormais à porter la mention manuscrite "Non substituable" devant chaque médicament, que lui ou que les patients ne désirent pas. C'est une régression, une corvée supplémentaire pour le médecin soignant.
Cette loi est stupide, surtout à l'heure de l'informatisation professionnelle, la plupart des médecins impriment leurs ordonnances, évitant les critiques sur l'illisibilité de leurs prescriptions.
La médecine générale, qui est le plus beau métier au monde est en train de perdre de sa splendeur, trop de contraintes non liées à la médecine sont en train de décourager les jeunes médecins, de sorte que seulement 11% des jeunes diplômés médecins ont choisi la médecine générale libérale.
Oh France, tu n'es pas seulement entrain de perdre ta Sécurité Sociale, mais également tes médecins.
Français, préparez-vous à des très longs mois d'attente chez les médecins spécialistes, mais également à des consultations courtes, peut-être baclées chez votre médecin traitant désabusé, débordé par un excès de patients vieillisants, voir centenaires, et de ... paperasserie.
Votre médecin traitant est-il SUBSTITUABLE? Y aura-t-il un jour en France, un médecin génériqué des pays de l'Est, ou d'ailleurs?
Doc enchaîné