Intempéries:
Lourd bilan après le passage de la tempête Xynthia
La Vendée très touchée par la violente tempête et la montée des eaux (28 février 2010).
France 2 De gros dégâts matériels et humains sont à déplorer, notamment en Charente-Maritime et en Vendée - qui paye le plus lourd tribut avec 29 morts - en raison de vents combinés à de fortes marées, provoquant des inondations.
François Fillon a évoqué "une catastrophe nationale" et annoncé des arrêtés de catastrophe naturelle publiés "dans les 48h".
Le premier ministre a également déclaré que "plusieurs jours" seront nécessaires "pour rétablir l'électricité" sur tout le territoire. Alors que près d'un million de foyers a été privé d'électricité, le PDG d'EDF, Henri Proglio, avait annoncé plus tôt un retour à la normale pour la majorité des abonnés "dans les 48h" et "plusieurs jours" pour les "zones les plus abîmées".
François Fillon présidait une réunion dimanche après-midi à Matignon, alors que Nicolas Sarkozy demandé "au gouvernement d'agir sans attendre pour que les mesures de solidarité nationale puissent intervenir dans les meilleures délais au profit des populations et collectivités sinistrés".
Pour sa part, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, sur BFM-TV, a annoncé le déblocage d'aides d'urgence d'un million d'euros. Ce crédit "sera mis à disposition des préfets qui auront mission de les répartir" pour venir en aide aux régions sinistrées. "Ce sont des mesures de solidarité, c'est une catastrophe nationale, il est donc normal que la solidarité nationale s'exerce", a dit le ministre.
Le ministre français du Budget, Eric Woerth, a assuré que l'administration fiscale examinerait avec une "bienveillance particulière" la situation des sinistrés. La taxe d'habitation et la taxe foncière 2010 pourront être annulées, sur demande du contribuable, lorsque les locaux ont été détruits ou sont voués à la destruction, précise un communiqué du ministère.
L'Elysée a annoncé que Nicolas Sarkozy se rendra en Charente-Maritime et en Vendée lundi matin. Le président a présenté ses condoléances aux familles des victimes, promettant aux départements touchés des mesures de "solidarité nationale" dans les meilleurs délais.
Les assureurs français ont indiqué dimanche qu'ils indemniseraient les victimes de la tempête Xynthia, sauf pour les dégâts causés par les inondations, qui ne seront couverts que si l'état de catastrophe naturelle est décrété. Sur Europe 1, Christine Lagarde a estimé qu'il fallait attendre "que la tempête soit passée" pour prendre un arrêté de catastrophe naturelle. Les dégâts causés par le vent et la pluie aux habitations ou aux véhicules sont couverts par les polices classiques, a assuré le Fédération française des sociétés d'assurance.
Levée des alertes
Une vigilance orange crue-inondation reste en vigueur dans le Finistère et le Morbihan. L'alerte rouge a été levée dimanche matin dans les quatre départements qu'elle concernait : la Charente-Maritime, la Vendée, la Vienne et les Deux-Sèvres. Toutes les alertes oranges également. C'est la deuxième fois depuis 2001, date de création de la vigilance, que Météo France lançait une alerte rouge "tempête". La tempête Xynthia est considérée comme l'une des plus violentes depuis celle des 26 et 27 décembre 1999 qui avait fait 92 morts et des dégâts estimés en dizaines de milliards de francs. La dernière tempête notable, le 15 janvier 2008, sur le nord-ouest de la France, avait fait 2 morts.
Des rafales allant jusqu'à 130 kilomètres/heure dans l'intérieur des terres et 150 km/h sur le littoral ont été enregistrées depuis samedi soir dans les quatre départements les plus touchés, ont indiqué les autorités préfectorales. Hormis les inondations, l'essentiel des interventions des pompiers se concentraient sur des dégagements de voiries suite à des chutes d'arbres.
Lourd bilan humain
Le ministère de l'Intérieur, qui a annoncé 45 victimes, dont 29 en Vendée, a fait également état dimanche soir de plusieurs disparus et de 25 blessés légers. Le département de la Vendée, où la rupture d'une digue a accentué les dégâts, est le plus durement touché, notamment dans la zone de La-Faute-sur-Mer et de l'Aiguillon-sur-Mer.
"C'est un bilan susceptible de s'aggraver lourdement encore", a déclaré le directeur de cabinet du préfet de Vendée, Frédéric Rose. Le phénomène a été aggravé par de très forts coefficients de marée de samedi soir à jeudi matin. Le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, élu de Charente-Maritime, a survolé dimanche son département en hélicoptère avec le préfet local. "L'océan est entré dans les terres. J'habite dans ce département depuis plus de trente ans et, même en 1999, on n'avait jamais vécu des phénomènes de telle nature", a-t-il déclaré sur France Info. Les secours ont suspendu leurs recherches dimanche soir pour les reprendre lundi.
En Charente-Maritime, on signale 5 victimes, dont un enfant de 10 ans, à Charron, près de La Rochelle, à Boyardville, sur l'île d'Oléron, à Aytré et à Châtelaillon. En Haute-Garonne, un homme de 36 ans, originaire du Val-de-Marne, a été tué samedi soir par la chute d'un arbre dans le centre de Luchon. Dans l'Yonne, un homme de 78 ans à Saints, par la projection d'une poutrelle. En Loire-Atlantique, deux personnes ont été tuées.
Le point des dégâts matériels
La tempête Xynthia a été particulièrement violente sur les quatre départements placés en alerte rouge, notamment la Vendée et la Charente-Maritime.
En Vendée, les gendarmes ont été "débordés", avec de nombreuses personnes réfugiées "sur les toits" de leurs maisons en raison des inondations. La-Faute-sur-Mer, L'Aiguillon-sur-Mer et de La-Tranche-sur-Mer sont les communes les plus concernées, avec des niveaux d'eau atteignant jusqu'à 1,5 mètre. Dimanche, deux hélicoptères survolaient la zone pour évaluer les dégâts et localiser les personnes en difficulté, appuyés par 450 sapeurs pompiers, 160 gendarmes et des renforts militaires. Des dizaines de personnes ont été évacuées de leur maison envahie par les eaux, soit par hélitreuillage, soit par bateau. Quelque 270 personnes ont été hébergées dans un groupe scolaire du secteur.
En Charente-Maritime, cinq hélicoptères ont hélitreuillé des habitants grimpés sur leurs toits à Aytré, commune limitrophe de La Rochelle. Seize communes du département ont été touchées par les inondations sur tout le littoral charentais et sur l'île de Ré. Plusieurs parties basses de la ville de La Rochelle ont été également inondées, principalement les quais et le secteur du port de plaisance.
En Bretagne, des nombreuses villes ont subi des inondations dues à la montée des eaux. Les dégâts métériels sont importants.
Les stations de sports d'hiver des Hautes-Pyrénées et de Haute-Garonne ont subi de gros dégâts et certaines risquent de rester fermées partiellement voire totalement jusqu'à la fin de la saison, a-t-on appris auprès des préfectures. Le vent, qui par endroits a atteint 200km/h, a détruit de nombreuses remontées mécaniques.
Coupures d'électricité
Henri Proglio, Pdg du groupe EDF, a annoncé dimanche que le retour à la normale pour les abonnés interviendrait "dans les 48 heures" et dans "plusieurs jours" pour les "zones les plus abîmées", alors que déjà "2 à 300.000" foyers ont été réalimentées dans l'Ouest. M.Proglio s'exprimait dans les locaux d'ERDF, filiale d'EDF chargée de la distribution de l'électricité, où il était venu faire un point sur la situation en France.
Quelque 500.000 clients étaient toujours privés d'électricité dimanche à 18h "sur le million de foyers non-alimentés ce matin", a indiqué ERDF qui se félicite de "la forte mobilisation de ses moyens humains et techniques".
Plus tôt, un porte-parole d'ERDF avait annoncé que le nombre de clients privés d'approvisionnement s'élevait à "près d'un million" dimanche vers midi. Une partie de l'Ouest (320.000 personnes), notamment la Bretagne, mais aussi le Centre, l'Auvergne et le Limousin (375.000 au total) étaient les régions les plus touchées. 57.000 personnes n'avaient pas de courant dans le Sud-Ouest, 63.000 dans l'Est, 55.000 en Rhône-Alpes et Bourgogne, 31.000 dans la Manche et le Nord et 37.000 en Ile-de-France.
Perturbations du trafic à la SNCF
Air France a annoncé un retour progressif à la normale dimanche soir après l'annulation de 100 vols sur 700 au départ et à l'arrivée de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle le matin. La SNCF a eu aussi à subir des annulations et retards de TGV reliant Paris au Sud-Ouest et à l'Espagne. Alors que la situation y revenait progressivement à la normale à l'exception de la liaison entre Nantes-Bordeaux qui sera rétablie mercredi", la SNCF a annoncé que le trafic des TGV et des TER était perturbé, notamment par des chutes d'arbres, dans l'est du pays. Les voyageurs sont invités à prendre connaissance des informations de trafi sur internet www.infolignes.com, pour le réseau Transilien www.transilien.com ou par téléphone en appelant le 3635.
Les causes de la violence du phénomène
La présence, beaucoup plus au sud que d'habitude, d'un courant froid de haute altitude (courant-jet) avec en basse couche une grande masse d'air chaud, est à l'origine de la tempête qui a touché la France ce week-end, a expliqué à l'AFP Hubert Dreveton, chef prévisionniste à Météo France.
"Les tempêtes sont assez habituelles en février sur la France, mais celle-là est d'une ampleur et d'une intensité très au-dessus de ce qu'on observe habituellement." Xynthia, "assez nettement en-dessous de celle de décembre 1999", s'avère tout de même "très remarquable", selon lui, pour les quatre départements placés samedi en vigilance rouge. Ces tempêtes s'expliquent par la conjonction d'un courant-jet (jet stream en anglais) en haute altitude, avec des vents d'ouest rapides et très forts, et d'une masse d'air chaud en basse couche, dans les 1500 premiers mètres de l'atmosphère.
"L'interaction entre les vents d'altitude et les anomalies chaudes en basse couche entraîne un creusement, c'est à dire une baisse de la pression, et la formation d'une dépression" ou "cyclogenèse".
Le creusement d'une dépression sur l'Atlantique a balayé le Portugal (un mort y a été déploré), puis l'Espagne (3 morts) et la France. Sa trajectoire allait de la Corogne (Espagne) à la Normandie avant de se déplacer vers le Bénélux (1 mort en Belgique), l'Allemagne (2 morts) puis le Danemark dimanche soir.
Les réactions des politiques
La première secrétaire du PS, Martine Aubry, en a appelé "à la solidarité" de tous: "C'est dans ces moments que notre pays doit particulièrement se retrouver uni et faire preuve de solidarité", a-t-elle écrit, ajoutant: "J'en appelle à tous pour venir en aide à ceux qui en ont besoin". Elle a "salué tous les fonctionnaires, les agents publics et les élus" et insisté: "C'est face à ces situations dramatiques que l'on mesure plus que jamais la nécessité de services publics et de collectivités puissants et efficaces".
Xavier Bertrand, secrétaire général de l'UMP: Saluant "la réactivité des secours" mis en place par le gouvernement, il a souhaité que "plus personne ne soit sur le toit de sa maison" et que tout soit fait pour "rétablir le courant". "Voilà l'urgence des urgences". (sur i-Télé)
François Bayrou, président du MoDem: l'Etat doit mener "un travail de long terme pour qu'on soit mieux à même de se défendre" face à ces phénomènes. "Je n'arrive pas à comprendre que la France soit un pays où on n'ait pas entamé le long effort nécessaire pour enterrer les lignes électriques. Quand il y a de la neige, elles craquent, quand il y a du vent, elles cassent". "Ce n'est pas un pays moderne qu'un pays qui est si fragile dans sa distribution électrique" (La Tribune-BFMTV)
Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts : "Il faut d'abord penser aux victimes". "Il est évident que l'ensemble de la solidarité nationale doit s'opérer. Simplement, il faut se souvenir qu'il y a un an, il y a eu une tempête dans les Landes et les mêmes annonces n'ont pas été suivies des faits, donc il faut vraiment que ce ne soit pas seulement un effet de communication mais bien du soutien dans la durée à tous ceux qui en auront besoin" (sur France2).
28/02/2010 Info France 3