L’excès d’hygiène favoriserait l’asthme
Pierre Kaldy s’interroge dans le Figaro : « Comment expliquer l’augmentation de l’asthme et des allergies depuis des années en Occident ? L’hypothèse hygiéniste impute cette recrudescence à de meilleures conditions d’hygiène dans l’enfance, mais le mécanisme restait mystérieux ».
Le journaliste fait savoir qu’« une étude publiée dans Science (27 avril 2012) vient de l’éclaircir en trouvant un rôle déterminant de l’intestin dans ce dérèglement du système immunitaire ».
Pierre Kaldy note ainsi que « des chercheurs américains de l’école de médecine de Harvard [Boston] montrent que si la flore intestinale ne se forme pas chez la souris après la naissance, des cellules immunitaires impliquées dans l’asthme allergique s’accumulent dans les poumons des animaux ».
Le Pr Jean-François Bach, de l’Académie des Sciences, « spécialiste de la théorie hygiéniste », remarque que « ce travail confirme l’importance de l’environnement infectieux du nouveau-né pour le bon développement du système immunitaire. La flore intestinale et les infections en bas âge peuvent ainsi modeler nos futures capacités immunitaires ».
Pierre Kaldy explique que ces travaux « montrent que les souris dépourvues dès la naissance de flore intestinale présentent des quantités très élevées de cellules INKT [cellules immunitaires nécessaires au déclenchement de l’asthme] dans le côlon et les poumons, preuve que la présence des bactéries intestinales régule leur développement. Ces animaux s’avèrent très susceptibles à l’asthme allergique et à l’inflammation du côlon ».
« Plus surprenant, le rétablissement de leur flore intestinale à l’âge adulte ne peut plus corriger ces réactions pathologiques du système immunitaire », poursuit le journaliste.
Pierre Kaldy note que « chez l’homme, ces résultats expliquent aussi pourquoi les enfants nés sous césarienne ou ayant reçu des antibiotiques en bas âge ont un risque légèrement plus élevé de développer asthme ou allergies ».
Jean-François Bach remarque enfin que « le rôle que joue le microbiote dans notre santé commence à être mieux connu, et cette connaissance va peut-être ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques pour de nombreuses maladies ».