Libé révèle l’homosexualité de Jésus
La rumeur en a circulé, dès hier, sur Facebook : Libération et Têtu devraient tout prochainement publier un scoop : la révélation de l’homosexualité de Jésus. Je n’ai pu vérifier l’info du côté du mensuel gay, mais pour ce qui est du quotidien on ne dément pas. Deux journalistes de la rédaction : GL et ML, qui ont déjà écrit sur Jésus, s’apprêteraient à boucler, puis publier dans la foulée, le résultat d’un long travail d’investigation portant sur plusieurs années.
Un contexte familial éclairant
Le soupçon leur est venu du contexte familial de Jésus pour lequel on pourrait parler aujourd’hui de famille recomposée : un géniteur inconnu, un père adoptif, une mère vierge, ce qui laisse entrevoir une adoption. Et l’on sait combien un enfant, élevé dans un tel contexte, peut être psychologiquement fragile, attaché de manière excessive à sa mère puis, devenu adulte, enclin à s’inventer un père « célèbre » pour mieux sortir du néant de ses origines.
Une autre information pourrait venir corroborer cette homosexualité précoce. La généalogie la plus « officielle » de Jésus le fait descendre du roi David dont on sait qu’il entretenait une amitié-amoureuse avec un certain Jonathan. Il pourrait donc y avoir un aspect héréditaire à cette préférence sexuelle.
Or, la vie adulte de Jésus confirme une telle inclination. Les évangiles eux-mêmes rapportent qu’il vécut durant toute sa vie publique avec une «bande» de douze garçons. On évoque bien, ici ou là, quelques présences féminines dans son entourage. Mais on sait que certaines femmes, elles-mêmes victimes de traumatismes au niveau de leur vie sexuelle, ont une prédilection pour la fréquentation des gays, dès lors qu’ils ne représentent pour elles aucun « danger ».
Ecce homo !
Enfin une double « preuve », difficilement réfutable, vient asseoir leur hypothèse. La première réside dans les mots mêmes prononcés par Ponce Pilate lors de la traduction de Jésus devant la foule, au moment de son procès : Ecce homo. D’aucuns voient là le vrai motif de sa condamnation dans une société juive où, selon la Bible, l’homosexualité était passible de mort (Livre du Lévitique, chap. 20, verset 13).
La seconde preuve est plus tardive. Il semble que l’Eglise des premiers siècles n’ait pas renaclé à afficher cette réalité dans le texte même du Credo dit de Nicée-Constantinople (VIe siècle) où il est écrit, parlant de Jésus : « et homo factus est ». Une affirmation qui, pourtant, allait devenir dérangeante au fil des siècles, notamment dans l’Europe chrétienne, bourgeoise et pudibonde du XIXe siècle, au point de pousser les évêques du monde entier, réunis lors du concile Vatican II (1962-1965), à renoncer désormais au latin pour la célébration de la messe… et par là même à la récitation du Credo. Une manière de désamorcer le conflit.
Jésus embarrasse le Vatican
Les deux journalistes, dont on connaît le professionnalisme scrupuleux, sont allés investiguer à Rome même. Au Vatican, on leur a indiqué que si Jésus avait été marié, comme l’affirment certaines thèses popularisées notamment par le Da Vinci Code et de « prétendues » révélations archéologiques récentes, les Evangiles l’auraient dit en toute simplicité, puisque la plus grande bénédiction qui puisse « tomber » sur un rabbi, au temps de Jésus, était précisément qu’il se marie et donne jour à une descendance nombreuse, conformément à la promesse faite par Dieu à Abraham. L’embarras des monsignori, concernant le mutisme des Écritures à propos de la vie sexuelle de Jésus, pourrait donc confirmer l’hypothèse de son homosexualité.
Au Vatican, on semble vouloir se cantonner à répéter indéfiniment le discours convenu sur le prétendu renoncement volontaire de Jésus au pouvoir, au sexe et à la richesse, renoncement qui lui aurait été dicté par son désir d’affirmer qu’un autre monde était possible, sans domination ni violence. Or, on le sait, les sources de la violence dans toutes les sociétés viennent précisément de l’agent, du pouvoir et du sexe. Mais là encore, ce choix de vie semble tellement « contre-nature » qu’il ne peut que venir renforcer de manière définitive l’hypothèse des deux enquêteurs.
Alors, pourquoi l’article n’est-il pas encore paru ? A la rédaction de Libé on évoque le retard pris, dans sa relecture, par le cabinet d’avocats auquel le texte a été soumis : Me Legay & Trouples associés. Ils auraient levé tout obstacle juridique au motif qu’on ne connaît, par définition, aucune descendance directe à Jésus susceptible d’engager un procès et que le christianisme est aujourd’hui suffisamment moribond pour écarter tout danger de ce côté-là.
La bombe ne devrait donc pas tarder à exploser !
23 septembre 2012 • Jean-Christophe Juris
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