Tuerie de Nantes : la mère et ses enfants exécutés de façon "méthodique"
Les assassinats d'Agnès Dupont de Ligonnès et de ses quatre enfants, Arthur, 20 ans, Thomas, 18 ans, Anne, 16 ans, et Benoît, 13 ans, ont été commis à la manière d'une "exécution méthodique", selon les enquêteurs qui rassemblent des éléments sur la tuerie.Les autopsies ont montré que tous ont été tués par une arme à feu, vraisemblablement une arme de calibre 22 long rifle, avec au moins deux balles dans la tête. Benoît, le plus jeune, a aussi été touché trois fois dans la poitrine, selon les autopsies. Les deux chiens de la famille ont également été abattus et ensevelis.
Des analyses toxicologiques sont attendus dans les prochains jours pour savoir si les victimes ont été "droguées" avec des sédatifs, comme l'a dit le procureur de Nantes dans un de ses communiqués. Actuellement, les enquêteurs privilégient l'hypothèse selon laquelle les décès seraient "intervenus de nuit, en raison du grand nombre de victimes et de leur habillement au moment de la découverte des corps", avec des "décès soit simultanés, soit successifs", dans la nuit du 3 au 4 avril et/ou du 4 au 5 avril, selon le procureur de Nantes.
DÎNER AVEC THOMAS
Il est établi que les parents ont dîné, le 3 avril au soir, dans un restaurant de Nantes avec trois des enfants. Les enquêteurs ont aussi découvert que Thomas, qui étudiait la musicologie à Angers, avait rejoint Nantes le mardi 5 avril après avoir, semble-t-il, dîné en tête à tête avec son père la veille au soir, dans un restaurant gastronomique en périphérie d'Angers.
Le père et le fils se sont présentés vers 21 heures dans un hôtel-restaurant situé dans un ancien moulin à l'écart des grands axes, à une dizaine de minutes du centre d'Angers, sur le territoire de la commune d'Avrillé, a indiqué le directeur de l'établissement, Jean-Luc Huez, à un journaliste du quotidien angevin Le Courrier de l'Ouest.
"TRÈS COURTOIS ET GENTILS"
Interrogé sur RMC, le patron de l'établissement raconte qu'"ils sont arrivés un peu tard, il était 21 heures. Nous n'avons que des petites salles et ils étaient dans l'une d'elles où il y avait trois tables, ils occupaient l'une d'entre elles. Ils sont arrivés normalement, ont demandé à dîner et se sont installés, pas très bavards, mais rien qui pouvait laisser supposer qu'on avait affaire à M. de Ligonnès".
Le jeune homme n'a pas pris de dessert et a dit en sortant ne pas se sentir très bien, ont précisé les serveurs. Le restaurateur a été contacté vendredi par les enquêteurs, qui voulaient vérifier une transaction financière de 72,55 euros, correspondant à la facture de ce repas.
"TUÉ APRÈS"
"Sa tombe distincte de celle des trois autres membres de sa famille peut laisser présumer qu'il a été tué après eux, mais il ne s'agit encore que d'une simple hypothèse", comme l'a dit le procureur.
Un ami de Thomas a déclaré au Parisien avoir passé la journée du mardi 5 avril avec le jeune homme sans rien remarquer d'anormal dans son comportement, jusqu'à ce que ce dernier reçoive un appel téléphonique de son père, lui annonçant que sa mère avait eu un léger accident de la circulation et lui enjoignant de rentrer à Nantes.
Les obsèques d'Agnès Dupont de Ligonnès et de ses quatre enfants auront lieu jeudi en l'église Saint-Félix de Nantes. Depuis la découverte du drame, le père, pour lequel a été lancé un mandat de recherche international, reste introuvable. Il a été vu pour la dernière fois à Roquebrune-sur-Argens (Var), le 15 avril, dans un hôtel où il a passé la nuit seul et où il a laissé sa voiture.
ACHAT DE CIMENT, D'UNE BÊCHE, DE CHAUX...
Une quarantaine d'enquêteurs de la police judiciaire sont mobilisés pour le retrouver et, à ce stade, veulent l'entendre à titre de "témoin" principal dans le cadre de l'information judiciaire ouverte contre X... pour "assassinats". Jusqu'à présent, tous les efforts pour le localiser sont restés vains.
Avant la disparition des siens, Xavier Dupont de Ligonnès avait acheté, le 1er avril, du ciment, une bêche et une houe, puis le 2 avril, quatre sacs de chaux 10 kilos dans des magasins de la région, ces achats ayant pu "servir à faciliter l'enterrement des corps", selon le procureur de Nantes.
LEMONDE.FR avec AFP News Yahoo 28.04.11